Revue de presse - Savoie

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Vaclav Klaus «Ressusciter la Constitution de l’UE: une ambition inutile et déraisonnable»

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une bonne question posée par cet européen frileux: Un texte amélioré pourrait-il néanmoins faire une différence? Non, car il ne résoudrait pas le dilemme européen, à savoir le degré souhaitable d’unification

Il est clair pour le dirigeant de la republique tcheque que l'integration n'est pas souhaitable

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ENTRETIEN - avec Vaclav Klaus

«Ressusciter la Constitution de l’UE: une ambition inutile et déraisonnable»

Le président de la République tchèque, Vaclav Klaus, met en garde contre l’idéologie de l’européisme, qui dissimule la défense d’intérêts étroits.

Le président Vaclav Klaus fait partie des principaux artisans du renouveau institutionnel de la République tchèque. Se servant de l’éthique de la liberté et de la responsabilité individuelles comme guide, il est également l’un des rares chefs d’Etat à dénoncer la dérive constructiviste de l’Union européenne, ce qui fait de lui une figure emblématique. Le président Klaus s’entretient avec «L’Agefi» dans le cadre de la vingt-neuvième Université d’été de la nouvelle économie à Aix en Provence, où il est intervenu.

Monsieur le Président, l’intention de l’Allemagne de ressusciter le projet de Constitution européenne vous réjouit-elle?

Vaclav Klaus: C’est un effort totalement futile qui n’a pour but que d’accélérer l’unification politique de l’Europe – une ambition inutile, déraisonnable et utopique. Mais il faut s’attendre qu’en tant que démocrate-chrétienne fidèle à elle-même, la chancelière Angela Merkel s’efforcera de ramener ce projet moribond à la vie.

Un texte amélioré pourrait-il néanmoins faire une différence?

Non, car il ne résoudrait pas le dilemme européen, à savoir le degré souhaitable d’unification. Or, personne ne pose le débat en ces termes. Le projet de Constitution ne sert pas à définir les compétences propres à Bruxelles ou à limiter son pouvoir, ce qui serait le propre d’une véritable Constitution, mais à ouvrir la porte à un processus permanent d’homogénéisation.

Un contrepoids politique au marché n’est-il pas nécessaire?

L’Europe politique n’est pas une nécessité, mais une erreur intellectuelle. Cette notion est certes un élément clé de l’idéologie européiste: l’intervention de l’Etat servirait en quelque sorte de correctif civilisateur de l’anarchie du marché. C’est ce qui sert à justifier un système paternaliste improductif, surréglementé, démotivant et excessivement redistributionniste. Les européistes ne réalisent pas que dans la plupart des cas, les défaillances de l’Etat s’avèrent beaucoup plus vastes et dangereuses que les défaillances présumées du marché.

Vous refusez toutefois l’étiquette d’eurosceptique…

Je me considère plutôt comme un euroréaliste, confronté à des eurofanatiques ou des euronaïvistes. Je me rattache au modèle libéral de l’intégration européenne, celui qui se fonde sur l’abolition des barrières nationales à l’activité humaine et sur la concurrence institutionnelle entre les Etats, à l’opposé d’un modèle d’unification par le haut, orchestré par les autorités de l’UE, qui vise un nivellement de tous les aspects de la vie. Ce second modèle est, hélas, celui qui prévaut depuis le milieu des années 1980.

A quoi attribuez-vous son attractivité?

D’une part à la volonté d’accroître les coûts et de réduire la compétitivité des pays concurrents: c’est l’objectif sous-jacent de la politique d’harmonisation. D’autre part, aux intérêts étroits de groupes bien organisés. Les politiciens et les bureaucrates, soutenus par les intellectuels publics, satisfont par ce processus en premier lieu leurs propres intérêts.

En quoi les politiciens et les bureaucrates en bénéficient-ils?

Ils s’assurent sur la durée leur statut privilégié, avec les avantages correspondants, en s’isolant de l’électorat, de l’opinion publique et des mécanismes de contrôle démocratique de l’Etat national. La complexité et l’opacité du droit et des processus décisionnels communautaires les délivrent des conséquences et des coûts au sens large de leurs politiques. D’où leur goût prononcé pour les organisations internationales ou supranationales.

Une position bien pragmatique, en somme?

De ce point de vue, oui. Les européistes tendent à maximiser les avantages qui résultent de leur position. Ils recourent à un subterfuge efficace en se présentant comme les incarnations du progrès humain et tous les autres comme celles de l’obscurantisme. Or ce qu’ils cherchent, c’est à s’émanciper de leur responsabilité. Face à eux, la majorité silencieuse, dispersée et dans l’incapacité de s’organiser, se retrouve pratiquement sans défense.

La Suisse pourra-t-elle y résister, selon vous?

Absolument. La Suisse est un pays libre. Elle se trouve dans une position luxueuse et unique que la République tchèque et les autres Etats d’Europe centrale et orientale, pour des raisons historiques, ne pouvaient adopter. La Suisse n’a nul besoin d’être membre de l’UE pour asseoir sa légitimité en tant qu’Etat démocratique. Au contraire.

[p. bessard@agefi. com]

http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/detailArticle.php?articleID=276729


02/09/2006
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