Revue de presse - Savoie

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Afghanistan : la guerre (de l'opinion) est perdue

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Troupes envoyées pour évincer les talibans du pouvoir en 2001, on est devenu troupes d'occupation car nous sommes restés au lieu de repartir.
Notre cher président Sarkozy - brillant stratège comme il le démontre depuis son élection - nous enfonce encore plus dans le bourbier, en baffouant tous les principes démocratiques d'annonce (en angleterre) sans consultation préalable du parlement, ni de vote. Voila vraiment un brillant démocrate !
On est tombé très bas avec un président pareil;  il va falloir encore le supporter 4 ans, ce qui lui laisse encore beaucoup de temps pour ridiculiser le pays.

Afghanistan : la guerre (de l'opinion) est perdue

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Il devait donc bien y avoir débat à l'Assemblée nationale cet après-midi sur l'envoi en Afghanistan de 1000 hommes en renfort. Un tout petit débat à la va vite. Une heure. Comme s'il fallait passer le sujet en contrebande puisque l'opinion est désormais hostile à cet engagement, après l'avoir soutenu. Et même pas de vote ! Débattre sans déposer son bulletin dans l'urne, c'est discourir sans conclure, c'est parler en l'air. C'est comme un baiser sans moustache, une soupe sans sel, une femme sans cheveux, un Sarkozy sans Carla, une finale de Coupe du monde de foot sans battre l'Italie. Oh, certes, une telle procédure n'est pas prévue par les textes. Mais il y avait eu un précédent contrairement à ce qu'a prétendu François Fillon. Etrange oubli…

Lors de la première guerre du Golfe en effet, François Mitterrand avait convoqué le parlement en session extraordinaire le 16 janvier 1991 pour que les députés se prononcent sur l'engagement des troupes françaises dans le conflit en Irak. La gauche s'était d'ailleurs divisée. Et le Premier ministre de l'époque, Michel Rocard, après lecture d'un message par Laurent Fabius du chef de l'Etat François Mitterrand avait défendu la position française. Il avait d'ailleurs reçu précédemment tous les dirigeants de l'opposition, Jean-Marie Le Pen compris. L'opposition d'alors avait donc voté avec la gauche. Même François Fillon qui ne s'en souvient plus bizarrement, lui qui a toujours été passionné par ces questions de défense.

Le débat portera donc d'abord forcément sur cette question institutionnelle, sur le pouvoir évanescent du parlement que le président a une nouvelle fois humilié en allant annoncer à Londres l'envoi de renforts français en Afghanistan. Il est vrai que rien n'oblige le chef de l'Etat à convoquer le parlement. Ce dernier n'a pas à donner son autorisation sauf en cas de guerre qu'on ne déclare plus aujourd'hui puisqu'on se contente de poursuivre des opérations militaires extérieures pour lequel le chef de l'Etat, chef des armées, considère qu'il n'a pas à rendre de comptes. Interprétation combattue par d'autres constitutionnalistes comme Jack Lang qui rappelle que le gouvernement « dispose de la force armée ». Or, le gouvernement est également « responsable devant le parlement ». Débat récurrent qui, avec la réforme constitutionnelle, devrait être tranché puisque le texte proposé par Edouard Balladur stipule que le gouvernement informe le parlement de toute intervention des forces armées et qu'au-delà de trois mois la prolongation devrait être autorisée par la loi. Ainsi plus l'Elysée envisage de renforcer les pouvoirs du parlement et plus il les piétine.

Mais ces questions-là ne seront que des amuse bouche avant les coups de gueule. Car c'est sur le fond de l'intervention en Afghanistan que vont se manifester les désaccords les plus virulents. Même François Hollande s'est indigné, c'est dire si les socialistes sont furieux. Ils pourront toujours reprendre les déclarations de Nicolas Sarkozy qui, avant d'être élu, s'était engagé à poursuivre la politique de Jacques Chirac désireux de rapatrier nos troupes. Ils se saisiront aussi de ses proclamations guerrières plus récentes puisque le président de la République a fait savoir que nous étions « en guerre » et que cette guerre « nous ne saurions pas la perdre ». Nous repartons à l'assaut mais contre quel ennemi ? Avec quels objectifs et quels moyens pour les atteindre ? Les spécialistes sur cette question restent pour le moins sceptiques. Sur nos capacités à nous imposer en cette terre rebelle, partagée entre factions querelleuses, trafiquants de drogue, terroristes islamistes, populations rétives à l'étranger. Les légionnaires français interrogés dans les reportages télévisés avaient des regards et des mots terribles, ceux qu'emploient les soldats qui ne marchent pas vers la victoire : « En Afrique, nous sommes accueillis comme des libérateurs. Ici, nous sommes des envahisseurs ». Quelle est la place du commandement français dans le dispositif ? Sommes-nous de simples supplétifs des Anglais et des Américains à qui nous voudrions faire plaisir dans notre prurit atlantiste que démentent par moments les danses de séduction de notre président devant les dirigeants russes et chinois. On peut difficilement être de Gaulle et Lecanuet à la fois. Embrasser Gordon Brown et papouiller Angela Merkel qui déteste ça ; les intermittences du cœur et des stratégies, les inconséquences qui nous interdisent même d'espérer entraîner l'Europe dans une aventure militaire qui pourrait peut-être se justifier mais dont on ne comprend plus ni les justifications, ni la stratégie.

On va s'enfoncer encore davantage dans ce piège en saluant le drapeau de la France et de la paix. Avec des Français de plus en plus hostiles à cet engagement. Ils étaient majoritaires pour le soutenir en 2001 au début des hostilités, aujourd'hui, selon le sondage BVA-Sud Ouest, deux Français sur trois le désapprouvent. La bataille de l'opinion est déjà perdue alors que l'on parle très peu des morts (14) que nous déplorons là-bas. Qui peut un instant penser gagner la guerre dans ces conditions ?

Mardi 01 Avril 2008 - 12:41
Nicolas Domenach



01/04/2008
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