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Afghanistan, la guerre perdue?

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l'adage régional en fin d'article est très clair
IL ne fait que renforcer l'évidence qu'on à tout à perdre en restant là-bas, et ceci n'a rien à voir avec les derniers morts. C'est évident depuis 2002, quand 1 an après l'eviction des Talibans, l'OTAN est devenu troupe d'occupation.
De toute façon on s'en ira trop tard - autant le faire le plus tot possible.

Afghanistan, la guerre perdue?

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La mort de dix soldats français provoque de vifs débats sur la guerre menée en Afghanistan. La coalition peut-elle encore gagner cette bataille?

Caroline Stevan
Vendredi 5 septembre 2008

Dix Français meurent au combat en Afghanistan et l'opinion publique hexagonale se souvient qu'une guerre est en cours dans les plis de l'Hindukush. Presque sept ans après le lancement de l'opération «Liberté immuable», le 7 octobre 2001, les talibans ont repris l'essentiel du terrain perdu. Durant le mois de juillet, le nombre de morts causés par ce conflit a dépassé celui provoqué par la guerre d'Irak. La coalition peut-elle encore gagner? Inventaire des principaux scénarios envisagés pour sortir du bourbier.

kSe retirerL'OTAN, qui commande la force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF), n'a jamais évoqué de se retirer. Chaque fois que des soldats de la coalition perdent la vie en Afghanistan, le débat est pourtant relancé dans leur pays, avec plus ou moins de virulence. Dans un sondage réalisé en France juste après l'embuscade du 18 août, 55% des personnes interrogées se sont prononcées pour un retrait. Le parlement français abordera la question le 22 septembre. En Allemagne et en Italie, l'option du retrait a été discutée, puis balayée. Les populations américaine et britannique, les plus touchées en pertes humaines, ne remettent pas en cause la nécessité d'être sur le terrain, contrairement aux Canadiens.

«Il y a toujours une forte émotion après la mort de soldats, mais personne ne songe sérieusement à partir, souligne Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et stratégiques à Paris. On ne gagnera pas cette guerre, mais en restant, au moins on ne la perd pas. Les troupes alliées empêchent la propagation talibane. Il n'y a plus de camps d'entraînement terroristes en Afghanistan.»

«Un retrait maintenant gommerait d'un coup tous les efforts entrepris jusqu'ici, renchérit Joseph Henrotin, chercheur au Centre d'analyse et de prévision des risques internationaux à Aix-en-Provence. Est-on prêt à laisser ce pays aux mains des barbus?»

kRenforcer la coalitionDeux opérations distinctes sont menées de front en Afghanistan: «Liberté immuable» et ses 17000 GI censés décapiter Al-Qaida et l'«assistance à la sécurité» (ISAF) coordonnée par l'Alliance atlantique et forte de plus de 50000 hommes (voir infographie). Depuis sept ans, George Bush appelle régulièrement la communauté internationale à renforcer l'ISAF.

«Que peuvent faire 70000 soldats d'une coalition - avec les faiblesses inhérentes à toutes les coalitions - quand plus de 100000 Soviétiques se sont déjà cassé les dents sur l'Afghanistan?» interroge Jean-Louis Dufour, maître de conférences en polémologie à l'Ecole de Saint-Cyr. «Les alliés ont de l'ambition mais ils n'y mettent pas les moyens; il faudrait 500000 hommes pour quadriller le pays.» Washington, plus modeste, propose un objectif de 200000.

Nombre d'analystes récusent l'idée de renforcer les troupes. «Plus le temps avance et plus les soldats étrangers sont mal reçus. On les considère comme une armée d'occupation, les mœurs occidentales - des militaires ou des humanitaires - passent pour scandaleuses ou au moins anti-islamiques», analyse l'ethnologue Pierre Centlivres, spécialiste de l'Afghanistan. Augmenter le nombre de recrues aggraverait le courroux des Afghans.

kChanger de stratégieFace aux spécificités locales - résistance multiple et historique, seigneurs de guerre indétrônables, topographie impossible... - nombre d'observateurs prônent un changement stratégique. Une guerre classique n'est pas faite pour ce pays. «Les talibans sont une heure talibans et 23 heures paysans; tant que la guérilla sera à ce point mêlée au peuple, on ne pourra pas lutter, à moins de tuer tout le monde», argue Jean-Vincent Brisset. L'urgence, donc, est au soutien populaire. «Ce genre de problème ne se résout que lorsque l'on a les femmes et les vieux derrière soi», poursuit le chercheur. «Les bombardements indiscriminés de l'armée américaine doivent absolument cesser, formule Alain Délétroz, vice-président d'International Crisis Group. Pour chaque victime, c'est une famille élargie, un clan entier qui se retourne contre la coalition.»

De plus en plus d'analystes défendent une politique de coopération et de développement: convaincre plus que combattre, construire des écoles plutôt que les pilonner. Un «soft power» qui s'inscrit dans la nouvelle stratégie pensée par Washington. «Des criminels sont aujourd'hui à des postes clés, il est inadmissible que la coalition traite avec ces gens-là, poursuit Alain Délétroz. La présidence traîne des casseroles. Tout cela doit changer si l'on veut que les Afghans prêtent un peu de crédit à leurs dirigeants et à la communauté internationale.» De simples égards, enfin, pourraient encourager l'adhésion populaire: arrêter d'oublier d'inviter les journalistes afghans aux points presse de l'ISAF, alors que les talibans, eux, ne les négligent jamais, éviter les fouilles au corps trop poussées...

kNégocierPeut-on discuter avec les insurgés? Des voix s'élèvent, outre-Manche notamment, en faveur de négociations. «La promesse de se retirer une fois la sécurité rétablie, province par province, serait une bonne option, plaide Joseph Henrotin. De l'aide humanitaire pourrait être apportée en échange d'une pacification. Cela offrirait une porte de sortie convenable aux uns et aux autres.» Certes, mais avec qui monnayer quoi? Talibans, seigneurs de guerre et autres barons de la drogue se partagent depuis longtemps la scène de la terreur afghane. Et chacun a son propre agenda. «Hormis les talibans, il y a la mouvance de Gulbuddin Hekmatyar, ancien résistant plus ou moins rallié aux islamistes, les Tadjiks et les Ouzbeks, opposés aux talibans, non par idéologie mais parce qu'ils réfutent la mainmise pachtoune sur le pays, le Pakistan, énumère Pierre Centlivres. Il faudrait négocier un recul de la présence indienne pour les uns, une participation politique pour les autres...»

Un adage régional affirme que, si l'on peut acheter les hommes du monde entier, les Afghans se louent seulement, et jamais pour très longtemps.


05/09/2008
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