Guerre Russie / Georgie - les responsabilités
COMMENTAIRES
Très intéressant : le titre original de l'article cité par le monde est«La Géorgie a déclenché le conflit avec la Russie»
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/686e5832-adb1-11de-afff-219c66af17ee|0et le monde qui reproduit l'article change le titre en "La Russie et la Géorgie portent leur part de responsabilité dans la guerre"
ce qui est factuellement vrai, mais tend à équilibrer les responsabilités contrairement à l'intention de départ de l'interview du Temps de Génève (qui n'est pas un journal pro-russe)Le Monde démontre ici qu'il est bien un journal d'opinion même en politique étrangère, et qu'il a perdu son objectivité. On l'a déjà vu dans son traitement de l'économie pendant la campagne présidentielle où le Monde prétendait "expliquer" la verité de l'économie - sous la plume d'Eric Le Boucher qui est maintenant dans le journal "les Echos" purement libéral et appartenant à Bernard Arnault (LVMH).
Après la direction pendant plusieurs années d'Alain Minc et de Jean-Marie Colombani, le virage politique est pris. Leur départ ne change rien, le journal "Le Monde" est un journal plutot atlantiste et libéral, politiquement au centre. Ce n'est pas un problème en soi, c'est simplement en décallage avec son image de gauche ou de centre gauche.
La Russie et la Géorgie portent leur part de responsabilité dans la guerre
http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/09/30/la-georgie-a-declenche-le-conflit-avec-la-russie_1247335_3214.html#xtor=EPR-32280229-[NL_Titresdujour]-20090930-[zonea]
La diplomate suisse Heidi Tagliavini a remis au Conseil des ministres européens à Bruxelles le rapport de la Mission d'enquête mandatée par l'Union européenne sur les causes du conflit russo-géorgien de l'été 2008. Le rapport de près de mille pages réunies en trois volumes, qui contient près de quatre cents pages d'analyses juridiques, militaires et historiques, pointe du doigt la Géorgie qui a causé le déclenchement du conflit. Mais il n'épargne pas la Russie qui a créé des conditions propices à l'ouverture des hostilités. Heidi Tagliavini, qui a dirigé la mission d'observation des Nations unies en Géorgie (Unomig) de 2002 à 2006, est une diplomate chevronnée qui parle parfaitement le russe. Elle accorde au Temps une interview exclusive.
Le Temps : Quelles sont les principales conclusions qu'il faut tirer du rapport que vous venez de remettre au Conseil des Ministres de l'Union européenne ?
Heidi Tagliavini : Le conflit en Géorgie n'était pas seulement un problème à l'échelle locale ou régionale. Il a également menacé les rapports Est-ouest, et notamment l'ensemble de l'architecture de sécurité en Europe qui fut développée à partir des années septante avec l'Acte Final d'Helsinki de 1975 ou encore la Charte pour la sécurité européenne d'Istanbul de 1999. Il faut donc s'assurer d'une stabilisation de la situation dans la région immédiate du conflit et garantir le maintien absolu des règles portant sur les rapports civilisés entre Etats, notamment le respect de la souveraineté des Etats, leur intégrité territoriale, le non-usage de la force armée, etc.
Comment établiriez-vous les principales responsabilités de la Géorgie et de la Russie dans le conflit de l'été de 2008 ?
Les deux côtés portent leur part de responsabilité. Si c'est la Géorgie qui a entamé le conflit armé par un assaut d'artillerie sur Tskhinvali dans la nuit du 7 au 8 août 2008, c'est bien la Russie qui a contribué à créer la situation qui a mené à l'éclatement du conflit armé avec la Géorgie. C'est la Russie aussi qui a agi à l'encontre du droit international en menant ses opérations militaires dans une grande partie de la Géorgie largement en dehors de la frontière administrative de l'Ossétie du Sud. Mais aussi en reconnaissant ultérieurement l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud comme des Etats indépendants, malgré les protestations de la Géorgie et d'une très grande partie de la communauté internationale. En même temps, dans le contexte du conflit, des accusations ont été faites de part et d'autre qui étaient loin de la réalité. C'est notamment le cas des allégations des Russes et des Ossètes qui accusaient les Géorgiens d'avoir perpétré des actes de génocide contre la population de l'Ossétie du Sud.
En quoi ce constat va-t-il permettre d'améliorer la situation post-conflit ?
En rien, si les parties du conflit ne prennent pas conscience de leurs responsabilités et ne tirent pas les conclusions de ce qui s'est passé.
Pourquoi était-il essentiel à vos yeux d'établir les faits un an après le conflit ?
C'est la première fois que l'Union européenne a établi une mission d'enquête de ce genre. Il faut maintenant voir quelles seront les réactions des parties concernées et quel sera l'impact du rapport. Nous espérons que la présentation des faits, et leur évaluation sur une base objective, juste et équilibrée, pourra aider à mieux comprendre la situation, y compris les fautes du passé, et ainsi contribuer à une solution équilibrée et donc stable du contentieux.
Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées pour rédiger ce rapport ?
Le seul vrai problème que nous avons rencontré était l'abondance du matériel, souvent contradictoire, qu'il fallait d'abord rassembler, puis examiner et enfin évaluer. Au niveau de nos rapports avec les parties au conflit, nous avons rencontré un maximum de coopération de tous les côtés.
Au vu de votre rapport, que pouvez-vous dire de l'avenir de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie qui ont déclaré de façon unilatérale leur indépendance (reconnue par la Russie) ?
Une évaluation de l'avenir de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud comporterait un pronostic qui serait clairement en dehors du mandat qui nous est assigné par l'UE.
Quelles sont les principales recommandations ?
Notre rapport contient dans son premier volume une partie intitulée "Observations" qui présente douze éléments à considérer dans un contexte conflictuel comme celui que nous avons examiné. Ce ne sont pas forcément des recommandations, parce que la tâche de notre mission se situait plutôt au niveau de l'établissement des faits. Il ne s'agissait pas de fournir un conseil politique. On ne trouve pas dans notre rapport "une feuille de route" pour arriver à une solution rapide du conflit, mais plutôt un nombre d'observations spécifiques à partir de la situation concrète qui prévaut dans la région. Ces observations pourraient être utiles pour mieux comprendre le contentieux et s'approcher de manière graduelle d'un règlement pacifique du conflit.
L'exercice de rédaction d'un rapport aussi sensible ne doit pas être facile. Personnellement, seriez-vous prête à vous relancer dans une telle aventure ?
Si l'on pouvait de nouveau contribuer à un effort visant à stabiliser une situation précaire et potentiellement très dangereuse, on serait prêt à le faire.
Sur le terrain, la situation demeure très tendue. Y a-t-il une sortie possible de l'impasse à la lumière du rapport ?
Notre mission d'enquête a essayé de donner une présentation des faits et leur évaluation sur une base juste et équilibrée. Les "Observations" qui sont mentionnées ci-dessus apportent des éléments qui pourraient être utiles à une sortie de crise. Mais ce sont des choix qui sont dans les mains des responsables politiques.
Que va faire l'Union européenne du rapport ?
Cela relève entièrement de la compétence du Conseil des ministres de l'UE.
Propos recueillis par Stéphane Bussard, Le Temps
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