Afghanistan - Le début de l'irakisation
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On recolte ce qu'on sème: les USA ont armé les talibans à partir de 1980 sous Reagan contre les russes (au lieu de suivre les recommandations françaises de s'appuyer sur les milices du Nord de Massoud). Resultat: dictature islamique, 11 septembre, guerre contre le terrorisme - accessoirement explosion de la production de pavot pour payer la guerre.
Un bel exemple de stratégie ratée - et pas seulement à cause de Bush.
A noter aussi que les talibans ont leurs bases arrières au Pakistan - pays doté de l'arme nucléaire et allié des USA.
Afghanistan - Le début de l'irakisation
Cinq ans après le 11 septembre, les talibans ont repris du poil de la bête. Pis, ils ont changé leur stratégie et adopté les méthodes des islamistes irakiens. A tel point que l'Afghanistan connaît, désormais, un début d'irakisation.
Pour preuve, la mort de deux soldats français des forces spéciales à l'est de Kaboul, dans la province de Laghman, tués par l'explosion d'une mine télécommandée au passage de leur véhicule (deux autres ont été blessés). Un attentat qui ne doit rien au hasard. Selon un haut responsable afghan contacté par Le Point, les Français ont été sciemment visés. « C'est une façon pour les talibans de se faire de la publicité, tranche ce proche de Karzai. Ils ont réussi à éliminer des membres des forces spéciales françaises, réputées pour leur valeur combattante depuis qu'elles ont libéré La Mecque. » Allusion à l'assaut donné par le capitaine Paul Barril et les hommes du GIGN en 1979, lorsque les lieux saints furent occupés par des fondamentalistes.
Attentats-suicides, engins explosifs improvisés, enlèvements, décapitations d'ingénieurs étrangers, assassinats de directeurs d'école qui osent encore, dans le sud traditionaliste, offrir des cours aux filles : autant de méthodes nouvelles qui font florès. Au jeu des anciens talibans s'ajoute celui des nouveaux fondamentalistes et des jeunes frustrés par la corruption endémique.
L'enjeu : fragiliser davantage le pouvoir du président Hamid Karzai. Lequel est de plus en plus contesté, jusqu'aux Etats-Unis. D'autant que les services secrets pakistanais et l'Iran s'avèrent actifs en Afghanistan. Les uns pour s'assurer une arrière-cour, les autres afin d'affaiblir davantage le Satan américain, embourbé dans le conflit irakien. Outre ces menaces, les nuages s'amoncellent au-dessus de Karzai, avec la corruption des fonctionnaires, une police des routes qui rançonne les voyageurs et un trafic de drogue prospère. Signe des temps, quelques experts de la guerre contre les trafiquants de stupéfiants ont récemment débarqué de Colombie pour proposer leurs services
© le point 31/08/06 - N°1772 - Page 44 - 309 mots
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