Automobile : Avec Land Rover et Jaguar, Tata devient un groupe mondial
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Après Mittal, voici Tata. Est-ce la fin de l'arrogance occidentale vis à vis des pays dits "emergeants", et qui sont déjà tout à fait émergés.La réalité est que le pouvoir economique est déjà multipolaire: la presse européenne a pris de haut Tata avec la voiture à 2500$ soit-disant de mauvaise qualité (qui ne l'est pas du tout) - rachete Range Rover et Jaguar à Ford qui est en difficulté.
A noter que les grands groupes asiatiques n'ont pas peur d'investir plutot que de distribuer des sommes collossales à leurs actionnaires CE qui nuiraient à leur developpement.
Automobile : Avec Land Rover et Jaguar, Tata devient un groupe mondial
http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/03/26/automobile-avec-land-rover-et-jaguar-tata-deviendra-un-groupe-mondial_1027367_3234.html#ens_id=971495New Delhi, correspondance
Un an après s'être emparé du fleuron sidérurgique britannique Corus, le groupe indien Tata devient propriétaire de Land Rover et Jaguar. Tata a annoncé, mercredi 28 mars, le rachat des deux marques de luxe britanniques pour 2,3 milliards de dollars (1,47 milliard d'euros). L'opération doit être finalisée à la fin du second semestre.
Jaguar. La
prestigieuse marque britannique a été créée en 1922 par Bill Lyons.
Elle a été rachetée par le constructeur américain Ford en 1989 pour
1,6 milliard de livres (2 milliards d'euros). Elle compte 8 000s
alariés dont 2000 dans le centre d'ingénierie de Coventry, 3 000 dans
l'usine de Birmingham et 3 000 autres à Halewood près de Liverpool. En
2007, le constructeur a vendu 60 000 voitures dont plus de 70 % à
l'exportation. Selon les analystes, Jaguar a perdu 500 millions de
dollars (320 millions d'euros) en 2007.
Land Rover. Fondé
en 1947 par Rover, Land Rover a été racheté en 1994 par BMW et, en
2000, par Ford pour 1,7 milliard de livres. A Solihull près de
Birmingham, 7 900 salariés fabriquent les véhicules de la marque. En
2007 et pour la première fois de son histoire, Land Rover a dépassé le
cap des 200 000 voitures vendues (205 717). Ses bénéfices se sont
établis, selon les analystes, à 1 milliard de dollars.
Avec un budget annuel de 600 millions d'euros consacré à la recherche et développement, soit le triple de celui de Tata Motors, Land Rover et Jaguar disposent de technologies cruciales pour le développement du groupe indien sur les marchés occidentaux. Ratan Tata n'a jamais caché qu'il espérait lancer en Europe dans quelques années la Nano, la voiture la moins chère du monde.
"En rachetant ces marques et ce savoir-faire, Tata comble dix à quinze ans de retard", estime Amit Kasat, analyste chez Motilal Oswal, basé à Bombay. Tata Motors va emprunter 3milliards de dollars pour financer l'acquisition et le développement des deux marques britanniques. Il peut compter sur le soutien de l'empire Tata, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 28 milliards de dollars lors de son dernier exercice fiscal.
DES LOGIQUES DIFFÉRENTES
"Tata Motors n'est pas tant intéressé par les marques que par la taille critique indispensable à son développement à l'international. Pour survivre, un constructeur automobile doit être présent sur tous les segments", note Dilip Chenoy, directeur général de l'association des constructeurs automobiles indiens. Tata Motors est surtout présent en Inde, tandis que Land Rover et Jaguar sont bien implantés sur les marchés développés. Toutefois, le constructeur indien ne peut guère compter sur les synergies du nouvel ensemble. La voiture la plus économique commercialisée par Land Rover se vend quinze fois le prix d'une Nano. De la voiture la moins chère du monde à la voiture de luxe, les circuits de distribution, la conception et le marketing obéissent à des logiques différentes. Prudent, Ratan Tata précise qu'il conservera l'autonomie de Land Rover et Jaguar : "Ce sont des marques britanniques et elles devront rester britanniques." D'après les analystes, Land Rover a dégagé un profit de 1 milliard de dollars en 2007, tandis que Jaguar a affiché des pertes de 500 millions de dollars. La marque vend aujourd'hui l'essentiel de sa production aux Etats-Unis et en Europe. Pour redresser la barre, Tata mise sur sa connaissance des pays émergents, qui représentent un potentiel de développement gigantesque pour les marques de luxe. "Il n'est pas impossible que l'Inde serve de plate-forme de production", s'avance même Abdul Majeed, en charge du secteur automobile au cabinet de conseil Price Waterhouse, à Madras.
Les finitions, qui sont, sur ce segment de marché, fondamentales mais coûteuses, pourraient être délocalisées en Inde. Toutefois, dans l'immédiat, les usines britanniques de Land Rover comme de Jaguar sont en surcapacité. La production ne devrait donc pas faire l'objet de délocalisations.
D'ailleurs, en novembre 2007, Tata s'est engagé devant les syndicats britanniques à ne fermer aucune usine, et à ne supprimer aucun emploi, au moins pendant cinq ans. Mais "si l'Inde est capable, dans quelques années, d'assembler des voitures de luxe à moindre coût, elle pourrait bien sauver le fleuron automobile de son ancien pays colonisateur", espère Dilip Chenoy.
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