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La Chine est le pays où l’on investit le plus en R&D

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Ceci contredit encore, si il en était besoin, les mythes de la chine fabricant à bas cout et de l'occident se concentrant sur le haut de gamme et l'innovation pour préserver ses emplois.
Oui, les firmes occidentales misent sur l'innovation, mais elles misent en Chine et en Inde. Le futur des pays dont sont issues ces firmes n'a aucune importance pour elles. Ce sont des entreprises purement multinationale, avec pour premier but le rendement pour leurs actionnaires.

Jusqu'à maintenant, la libéralisation de l'OMC, bénéfique pour les échanges et le niveau de vie mondial moyen, n'a pas été bénéfique pour les ouvriers occidentaux, maintenant elle s'attaque aux emplois qualifiés occidentaux.

Espérons que nos dirigeants économiques et politiques ouvriront les yeux avant qu'il ne soit trop tard. La direction des entreprises par la finance est l'assurance de continuer à délocaliser les emplois - y compris les emplois hautement qualifiés - tant que les couts chinois et indiens seront inférieurs aux coûts occidentaux.

Dans 50 ans, tout ira mieux, mais dans 50 ans, on sera mort - ou presque.

« La Chine est le pays où l’on investit le plus en R&D »


Entretien avec Benoît Romac, directeur Activités auto-aéro-industrie chez Booz & Company, auteur d’une étude sur les nouvelles tendances des stratégies R&D des multinationales.

Les plus grandes firmes mondiales ont tendance à délocaliser de plus en plus leur R&D. Pourquoi un tel phénomène ?

La mondialisation des stratégies R&D se calque finalement sur la mondialisation des économies elles-mêmes. On relève ainsi que sur les 1000 premières entreprises qui consacrent le plus de moyens à leur Recherche-Développement, 91% d’entre elles ont déjà implanté leur département hors de leur pays d’origine. La délocalisation de l’innovation hors de son pays d’origine confère en fait trois avantages comparatifs : des coûts moindres, un accès à de nouveaux talents et un accès aux marchés émergents. Ainsi, un constructeur automobile désireux de prendre pied sur un nouveau marché aura tout intérêt à y investir sur place. Car pour y réussir, il faut disposer des talents d’ingenierie adaptés pour repenser les véhicules à même d’être écoulés sur place. Or, il est plus facile de recruter les compétences nécessaires à Shanghai qu’à Detroit. De même, un poids-lourd occidental des télécoms ou de la high-tech n’ignore plus que les universités indiennes forment chaque année des bataillons de jeunes diplômés très compétents. Bien sûr, dans l’équation économique globale qui préside au choix d’une R&D hors frontières, le paramètre "coûts" demeure incontournable.

Quels sont les pays qui bénéficient le plus de cette manne innovation ?

Deux pays émergent particulièrement : la Chine et l’Inde. Ainsi, entre 2004 et 2007, 83% des nouveaux sites R&D ont été ouverts dans ces deux pays. Par ailleurs, si le nombre d’employés dans ces départements a augmenté de 22% sur la période, cette progression est imputable 9 fois sur 10 à l’Inde et la Chine. Citons le cas de ces deux pôles d’excellence en pleine expansion : l’ingenierie automobile en Inde et les équipements télécoms en Chine. Au final, la Chine est à ce jour le premier importateur net : les entreprises y ont investi près de 25 milliards l’an dernier. L’Inde figure en 2ème position avec 13 milliards. A terme, cependant, le processus de mondialisation devrait s’étendre encore et toucher de nouveaux territoires, notamment la Russie et l’Europe de l’Est.

Parmi les secteurs les plus gourmands en R&D, on trouve un trio inchangé depuis trois ans : la high-tech, l’automobile et la pharmacie.

Notre panel représentatif des 1000 premières entreprises en innovation pèse environ la moitié des budgets alloués dans le monde en 2007. Soit quelque 500 milliards (+10% sur un an) des 1000 milliards de dollars. Or, sur ces 500 milliards, ces trois secteurs – high-tech, pharmacie, auto – en captent à eux seuls 66-67%. A raison de 29% pour l’informatique/high-tech, 22% pour la pharmacie et 16% pour l’automobile. Dans la pharmacie, il n’est guère étonnant de voir les grands laboratoires consacrer entre 15% et 20% de leur chiffre d’affaires à la Recherche-Développement. Car c’est là leur fonds de commerce : inventer les médicaments de demain. C’est le cas de Pfizer (16,7%), Roche (18,2%), Novartis (16,9%), Sanofi-Aventis (16,2%) ou bien AstraZeneca (17,5%). Mieux encore. Huit des vingt pensionnaires du Top 20 de l’innovation opèrent dans la pharmacie. Dans ce classement, il est à noter que les deux premières places sont trustées par deux constructeurs automobiles : Toyota et General Motors avec chacun plus de 8 milliards de dollars de dépenses R&D.

Y a-t-il une corrélation entre volume de R&D et performances économiques ?

Non. Pour preuve, Toyota et GM dépensent à peu près les mêmes montants (8,4 milliards pour l’un et 8,1 pour l’autre) et pourtant, avant que ne se déclenche la crise, le premier affiche l’une des plus fortes marges pour un constructeur généraliste avec à la clé des profits records, tandis que le second est depuis longtemps en difficultés financières. Plus généralement, ce qui importe, c’est la manière dont on dépense ces sommes. Au catalogue des bonnes pratiques, on note ainsi que les entreprises qui ont consacré plus de 60% de leur budget R&D hors de leur pays d’origine ont dégagé de meilleures performances sur la période 2004-2007. Si l’on resserre encore l’analyse, on remarque que celles qui ont investi plus de 10% du total de leurs dépenses innovation dans des pays low cost type Chine ou Inde présentent de meilleurs résultats : +25% pour la croissance des ventes sur trois ans et +67% pour la capitalisation boursière.


PS

Qui sont les champions français de la R&D ?

Un seul groupe tricolore émarge dans la liste du Top 20 mondial de l’innovation. Il s’agit sans grande surprise de Sanofi-Aventis, 12ème, avec 6,2 milliards de dollars engagés en 2007. Ce qui représentait alors 16,2% de son chiffre d’affaires. Ensuite ? On trouve Alcatel-Lucent, 27ème, et ses 4 milliards. Puis le duo PSA-Renault, respectivement 44ème et 47ème du classement avec 2,8 et 2,5 milliards. France Télécom n’est que 88ème avec 1,2 milliard. Il est vrai que le budget innovation de l’opérateur télécom ne représente que 1,7% de son activité totale.




26/11/2008
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