BANQUEROUTE AMERICAINE I/II
COMMENTAIRES
Qu'il est beau le modèle américain de Sarkozy
l'election de Bush est la pire chose qui soit arrivée depuis 10 ans aux USA. D'ou l'importance de l'election actuelle, qui ne pourra pas miraculeusement redresser la situation.
Chalmers Johnson : Banqueroute américaine
(I/II)http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1616« Les néoconservateurs de la Maison Blanche et du Pentagone ont surestimé leur intelligence. Ils ont même échoué à résoudre le problème du financement de leurs guerres impérialistes et de domination mondiale. » L’historien Chalmers Johnson analyse les dépenses faramineuses consacrées par les USA aux guerres et aux budgets militaires. Pour lui, ce monstrueux « keynésianisme militaire » va conduire le pays à sa ruine.
Par Chalmers Johnson, Tom Dispatch, 22 janvier 2008
Les militaires aventuriers de l’administration Bush ont beaucoup choses en commun avec les dirigeants de la défunte société Enron. Les uns commes les autres pensaient qu’ils étaient les « gars les plus fûtés du voisinage » [1]. Mais les néoconservateurs de la Maison Blanche et du Pentagone ont surestimé leur intelligence. Ils ont même échoué à résoudre le problème du financement de leurs guerres impérialistes et de domination mondiale.
De fait, en cette année 2008, les États-Unis se trouvent dans la situation extraordinaire de ne pas être en mesure de financer leur niveau de vie ou celui d’une institution militaire bien trop démesurée et dispendieuse. Le gouvernement ne cherche même plus à réduire les dépenses ruineuses consacrées à l’entretien de ses énormes armées permanentes, au remplacement des équipements que sept années de guerre ont détruits ou usés, ou bien encore à préparer une guerre des étoiles contre des adversaires inconnus.
Au lieu de cela, l’administration Bush compte sur les générations futures pour payer la note - ou la refuser. Cette totale irresponsabilité fiscale a été masquée par de nombreuses techniques de manipulatoires financières (comme par exemple celle qui consiste à nous faire prêter par les pays les plus pauvres des sommes d’argent sans précédent), mais l’heure de vérité approche rapidement.
Cette crise de la dette se présente sous trois aspects. Premièrement, durant l’exercice en cours (2008), nous dépensons des sommes folles sur des projets de « défense » qui n’ont aucun lien avec la sécurité nationale des Etats-Unis. En même temps, nous maintenons le taux d’imposition des couches les plus riches de la population américaine à des niveaux extrêmement bas.
Deuxièmement, nous continuons de croire que nous pouvons compenser l’érosion accélérée de notre base industrielle et la pertes de nos emplois en faveur de pays étrangers par le biais de dépenses militaires massives - ce que l‘on appelle le « keynésianisme militaire », que je discute en détail dans mon livre « Nemesis : The Last Days of the American Republic. » Par keynésianisme militaire, je veux parler de cette croyance erronée selon laquelle des politiques publiques axées sur des guerres fréquentes, d’énormes dépenses d’armement et de munitions, et de grandes armées permanentes peuvent soutenir indéfiniment une économie capitaliste prospère. En fait c’est l’inverse qui est vrai.
Troisièmement, dans notre dévotion au militarisme (malgré nos ressources limitées), nous ne parvenons pas à investir dans notre infrastructure sociale et dans ce que requiert la santé à long terme de notre pays. C’est ce que les économistes appellent des « coûts d’opportunité », des choses non faites parce que nous avons dépensé notre argent dans autre chose. Notre système d’éducation publique s’est détérioré de façon alarmante. Nous n’avons pas réussi à fournir des soins de santé à tous nos citoyens et négligeons nos responsabilités en tant que pollueur mondial numéro un. Plus important encore, nous avons perdu notre compétitivité en tant que fabricant de biens à destination de la société civile - une activité pourtant infiniment plus efficace quant à l’utilisation de ressources limitées que la fabrication d’armes. Permettez-moi de discuter de chacun d’eux.
La catastrophe budgétaire
Rien ne peut dépasser la prodigalité des dépenses militaires de notre gouvernement. Les dépenses prévues par le Département de la Défense pour l’exercice 2008 sont plus importantes que l’ensemble des budgets militaires de toutes les autres nations réunies. Le budget supplémentaire pour payer les guerres actuelles en Irak et en Afghanistan, qui ne fait pas partie du budget officiel de la défense, est lui-même plus important que la somme des budgets militaires de la Russie et de la Chine.
Les dépenses liées à la Défense pour l’exercice 2008 dépasseront 1 000 milliards de dollars pour la première fois dans l’histoire. Les États-Unis sont devenus les plus gros vendeurs au monde d’armes et de munitions à d’autres nations. Sans même prendre en compte sur les deux guerres en cours du président Bush, les dépenses de défense ont doublé depuis le milieu des années 1990. Le budget de la défense pour l’exercice 2008 est le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale.
Avant que nous nous efforcions d’analyser ces sommes gigantesques, il faut procéder à une mise en garde d’importance. Les chiffres des dépenses de défense sont notoirement peu fiables. Les chiffres publiés par le Congressional Reference Service et le Congressional Budget Office ne sont pas concordants. Robert Higgs, expert en économie politique à l’Independent Institute, déclare : « une méthode d’estimation éprouvée consiste à prendre comme chiffre de base le budget total annoncé par le Pentagone (toujours très médiatisé) puis de le multiplier par deux ».
Même une lecture superficielle des articles de journaux concernant le Département de la Défense met en évidence de grandes différences dans les statistiques relatives à ses dépenses. Quelques 30-40% du budget de la défense sont « noirs », ce qui signifie que ces sections contiennent des dépenses dissimulées destinées à des projets tenus secrets. Il n’est pas possible de savoir ce qu’elles comprennent ou si le total de leurs montants est exact.
Il y a de nombreuses raisons à ces cachotteries budgétaires - y compris un désir de secret de la part du président, du secrétaire à la défense, et du complexe militaro-industriel, mais la principale est que les membres du Congrès, qui bénéficient énormément d’emplois et de projets en relation avec la défense dans leurs circonscriptions, ont un intérêt politique à soutenir le Département de la Défense.
En 1996, dans une tentative de rendre les normes comptables du pouvoir exécutif un peu plus proches de celles pratiquées dans le privé, le Congrès a adopté le Federal Financial Management Improvement Act. Il a requis de tous les organismes fédéraux d’embaucher des auditeurs externes pour examiner leurs comptes et diffuser leurs résultats au public. Ni le Département de la défense, ni le Département de la Sécurité Intérieure ne l’ont jamais respecté. Le Congrès s’est plaint, mais n’a pénalisé aucun des deux départements pour avoir ignoré la loi. Le résultat, c’est que tous les chiffres publiés par le Pentagone devraient être considérés comme suspects.
Lors de l’examen du budget de la défense 2008, tel que présenté à la presse le 7 février 2007, j’ai été guidé par deux analystes expérimentés et fiables : William D. Hartung de la New America Foundation’s Arms and Security Initiative et Fred Kaplan, correspondant sur les questions de la défense de Slate.org. Tous deux conviennent que le Département de la Défense a demandé 481,4 milliards de dollars pour les salaires, les opérations (à l’exception de l’Irak et l’Afghanistan), et l’équipement.
Ils sont également d’accord sur un chiffre de 141,7 milliards de dollars pour le « complément » de budget destiné à mener la « guerre mondiale contre le terrorisme » - qui correspond aux deux guerres en cours, que le grand public peut penser être couvertes par le budget de base du Pentagone.
Le Département de la défense a également demandé un supplément de 93,4 milliards de dollars pour payer des frais de guerre remontant a 2007 et, de manière plus créative, une « allocation » (un nouveau terme dans les documents des budgets de la défense) supplémentaire de 50 milliards de dollars à imputer de l’exercice budgétaire 2009. Cela conduit à un total de dépenses requises par le Département de la défense de 766,5 milliards de dollars.
Mais il y a beaucoup plus. Dans une tentative visant à dissimuler la véritable taille de l’empire militaire américain, le gouvernement a longtemps caché des dépenses militaires majeures liées à d’autres départements que celui de la Défense.
Par exemple, 23,4 milliards de dollars dévolus au Département de l’énergie, vont vers l’élaboration et le maintien d’ogives nucléaires, et 25,3 milliards de dollars du budget du Département d’Etat sont consacrés à l’assistance militaire étrangère (surtout pour Israël, l’Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, République Arabe Unie, Egypte et Pakistan).
1,03 autres milliards ne faisant pas partie du budget du département de la Défense sont aujourd’hui nécessaires pour le recrutement et l’incitation au réengagement dans une armée américaine sollicitée au-delà de ses moyens, comparé à seulement 174 millions en 2003, année ou la guerre en Iraq a commencé.
Le département des Anciens Combattants obtient aujourd’hui au moins 75,7 milliards de dollars, dont 50% vont aux soins de longue durée des soldats grièvement atteints parmi les 28870 blessés - au minimum - recensés jusqu’ici en Irak et les 1708 d’Afghanistan. Ce montant est unanimement considéré comme insuffisant. 46,4 autres milliards vont au Département de la sécurité intérieure (Homeland Security).
Manquent encore a cette compilation les 1,9 milliard de dollars du département de la Justice pour les activités paramilitaires du FBI ; les 38,5 milliards de dollars du Département du Trésor pour les Fonds des militaires à la retraite ; les 7,6 milliards de dollars pour les activités militaires de la National Aeronautics and Space Administration, et les bien plus de 200 milliards d’intérêts de la dette contractée dans le passé pour les dépenses de défense.
Cela porte les dépenses américaines pour son institution militaire au cours de l’exercice financier en cours (2008), prudemment calculées, à au moins 1100 Milliards de dollars.
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