EDF ecartelé
COMMENTAIRES
- meme un editorialiste ultra-liberal constate la contradiction entre "société quotée" et "service public" de façon très claire.
- inutile donc d'en rajouter, on peut par contre pointer du doigt les
contradictions evidentes des politiques qui pretendent qu'il n'y a pas
de problème à introduire un service public en bourse.
La Tribune - édition du 05/12/06
François-Xavier Pietri
Entre ses missions de service public et sa cotation en Bourse, EDF n'est pas loin d'être écartelée. Le premier volet de la proposition est simple : voici une entreprise d'État qui a pour mission essentielle d'apporter le meilleur service possible au public, et surtout au meilleur prix. L'électricité se doit de demeurer à un tarif raisonnable, d'autant que le sujet, comme celui du prix du super, est politiquement très sensible. Pierre Gadonneix en a d'ailleurs fait l'expérience au mois d'avril devant les députés, qui l'ont sommé de s'expliquer sur la contradiction suivante : pourquoi la hausse des prix de l'électricité devrait-elle s'aligner, peu ou prou, sur celle du pétrole, alors même que 80 % de l'électricité produite en France est nucléaire ? Imparable. Le second volet est également facile à comprendre : depuis qu'EDF est cotée sur les marchés, l'entreprise est redevable d'une performance financière au moins égale à celle de ses homologues européens. La firme publique, si elle veut continuer à séduire les investisseurs, doit donc assurer une rentabilité équivalente ou supérieure à celle de ses compétiteurs, ce qui n'est pas forcément compatible avec une politique tarifaire conduite par le gouvernement. Sachant, comme on l'a bien compris, que l'intérêt de ce dernier est par nature plus proche de celui des électeurs que de celui des actionnaires. Enfin, et pour raffiner un peu plus la torture de l'écartèlement, il faut ajouter à ces deux facteurs contradictoires une touche européenne. En l'occurrence la libéralisation en cours du marché de l'électricité, qui injecte une double dose de perversité au dossier. Car, contrairement à ce qu'on pouvait espérer, cette libéralisation n'a pas empêché l'enchérissement mondial du prix de l'électricité - pour le coup, la conjoncture pétrolière y est pour quelque chose - et elle ouvre une voie théorique à d'éventuelles ententes. Le cas d'EDF n'est pas isolé : les mêmes causes produisent à peu près les mêmes effets sur Gaz de France. Dans un cas comme dans l'autre, Jean-François Cirelli et Pierre Gadonneix ont à gérer à la fois l'État actionnaire et le diktat des marchés, ce qui s'apparente à résoudre la quadrature du cercle.A découvrir aussi
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