Revue de presse - Savoie

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EDF : l'actionnaire ou le client ?, par Jean-Michel Bezat

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Les actionnaires remercissent la politique européenne de liberalisation des services publics.

La verité arrive au grand jour: grâce à une augmentation des prix induite par la libéralisation, les actionnaires vont toucher des forts dividendes au dépend des usagers devenus maintenant des consommateurs (c'est plus moderne) pigeons dans l'affaire.

EDF : l'actionnaire ou le client ?, par Jean-Michel Bezat

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-843117,0.html

a bonne fée des marchés est penchée sur EDF depuis sa "naissance" en Bourse. Qui aurait parié qu'un an après sa première cotation le groupe deviendrait la deuxième capitalisation française, avec près de 100 milliards d'euros, derrière Total et devant Sanofi-Aventis ? Introduite à 32 euros en novembre 2005 - un prix trop élevé, assuraient les analystes financiers -, l'action d'EDF a terminé à 53,50 euros, mercredi 6 décembre, soit une progression de 72 % sur un an.

Son PDG est le dernier à s'en étonner, même s'il juge "excessif" l'engouement actuel des boursiers. Pas un voyage aux Etats-Unis dont Pierre Gadonneix ne revienne enthousiasmé par la confiance des investisseurs de New York, de Boston ou de Chicago dans le bon géant de l'électricité ! Pourquoi une telle cote ? Parce que, dans un monde vivant sous la double menace du tarissement des sources d'énergie fossile et du réchauffement climatique, EDF a deux atouts de poids.

Il exploite depuis 1977 un parc nucléaire qui a produit, sans accident, une électricité bon marché. Au plus grand profit de la France, qui a pu ainsi réduire fortement sa facture énergétique (12 milliards en 2005). Et l'avantage comparatif serait plus important si l'on taxait le CO2, puisque 95 % de sa production (nucléaire et hydraulique) n'émet pas de gaz à effet de serre, renchérissent ses dirigeants.

Une capitalisation qui gonfle et rend la renationalisation promise par le Parti socialiste chaque jour plus coûteuse, des profits 2006 sans doute records après 2,9 milliards de bénéfices au premier semestre... Et voilà le Conseil constitutionnel qui lève une lourde hypothèque - décision saluée par la Bourse - en programmant la mort des tarifs fixés par l'Etat depuis 1946, qui amputaient les recettes d'EDF !

M. Gadonneix est trop diplomate pour réclamer urbi et orbi cette dérégulation, mais elle arrange bien ses affaires : 1 % de hausse génère 200 millions de résultats d'exploitation en plus. Naguère si prudentes sur EDF, les banques d'affaires flairent désormais le jackpot et voient l'action s'envoler au-delà de 70 euros, voire de 80 euros. La fée électricité est décidément bien belle.

Trop belle pour la gauche, les syndicats, les associations de consommateurs et certains parlementaires de l'UMP. Pourquoi le client ne profiterait-il plus des retombées de l'investissement dans l'atome civil ? Et à quoi bon cet enrichissement d'EDF si des PME en souffrent ? Certaines n'ont-elles pas vu leur facture d'électricité bondir de 60 % à 80 % ?

Les dirigeants d'EDF rappellent qu'ils devront financer de nouvelles centrales pour répondre à une demande croissante. Passant sous silence que les anciennes centrales seront prolongées au-delà de leur 30e anniversaire. Et la rente nucléaire avec elles.

Jean-Michel Bezat



07/12/2006
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