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Europe : le débat sur la sûreté nucléaire relancé / Incident majeur en Suède

COMMENTAIRE

Malgré cet article du Figaro, on peut constater qu'en France, le débat sur le nucléaire n'est pas public. Comme beaucoup de sujets importants (Les OGM par exemple), notre démocratie n'est pas un modèle du genre dans le monde en évitant les débats importants. Serait-ce parce que le pueple n'est pas considéré comme "raisonnable" ?

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http://www.lefigaro.fr/sciences/20060809.FIG000000064_europe_le_debat_sur_la_srete_nucleaire_relance.html

Europe : le débat sur la sûreté nucléaire relancé / Incident majeur en Suède

L'incident survenu le 26 juillet dernier dans la centrale suédoise de Forsmark provoque des remous en Europe.

 
L'Europe vient-elle de passer tout près d'un nouvel accident nucléaire de type Tchernobyl ? Vingt ans après la tragédie ukrainienne, un incident survenu le 26 juillet dernier dans une centrale suédoise relance la polémique sur les dangers de l'énergie atomique. En Allemagne, les antinucléaires se sont saisis de cette affaire pour demander la sortie du nucléaire normalement prévue en 2020.
 
 
 
Les pays d'Europe occidentale craignaient surtout jusqu'alors la vétusté des réacteurs d'Europe de l'Est. Depuis la chute du rideau de fer, les centrales de l'ancien bloc de l'Est ont été modernisées et portées au niveau des normes de sécurité européennes, avec la maîtrise d'oeuvre d'entreprises occidentales. Dans les années 1990, l'Américain Westinghouse avait ainsi été chargé de rénover les réacteurs VVER 1000 à eau pressurisée de Temelin, d'origine soviétique, en leur adjoignant notamment une nouvelle enceinte de confinement.
 
Cela n'a pas empêché que le 2 août dernier, la centrale nucléaire tchèque de Temelin, en Bohême du Sud, a connu une «sérieuse défaillance». Alors que les techniciens du site procédaient à une vérification d'usage, une vanne mal refermée manuellement a provoqué l'écoulement de «plusieurs milliers de litres d'eau légèrement radioactive», hors du circuit principal de refroidissement, d'après les autorités tchèques. Cette fuite, cantonnée à deux compartiments étanches, n'aurait cependant pas débordé de l'enceinte de confinement du réacteur n° 2 incriminé. Deux jours plus tard, celui-ci fonctionnait à nouveau à 91% de sa puissance, comme si de rien n'était.
 
Mais le 26 juillet, c'est en Suède que s'est produit un dysfonctionnement majeur. Dans la centrale nucléaire de Forsmark de conception occidentale, située à 72 km au nord de Stockholm, un court-circuit a entraîné une panne d'électricité générale et l'arrêt automatique de la tranche n° 1, un réacteur à eau bouillante dit BWR. Une anomalie dans le système d'alimentation a empêché le démarrage de deux des quatre groupes électrogènes, qui auraient normalement dû prendre le relais en pareille situation. Les deux diesels défaillants n'ont pu être redémarrés manuellement que 23 minutes plus tard.
 
«Passés près de la catastrophe»
 
Tandis que les représentants de la centrale s'efforçaient, comme leurs homologues tchèques une semaine plus tard, de dédramatiser l'événement, des voix discordantes commencent à se faire entendre. «On est passés près de la catastrophe», confesse Lars-Olov Höglund, un responsable de l'entreprise Wattenfall, qui assure la maintenance de Forsmark. «Seul le hasard a évité la fusion du coeur» du réacteur, qui se serait produite sept minutes plus tard si les groupes électrogènes n'avaient pu être réactivés, poursuit un expert suédois, s'exprimant sous couvert d'anonymat.
 
Suite à cette panne de niveau 2 sur l'échelle internationale d'événements nucléaires (Ines), qui en compte 7 (le maximum, atteint lors de l'accident nucléaire de Tchernobyl en 1986), la Suède a arrêté par précaution trois de ses dix réacteurs, le temps que l'enquête soit achevée. La Finlande et l'Allemagne, qui possèdent plusieurs réacteurs de type BWR, ont annoncé de leur côté qu'elles allaient vérifier tout leur parc nucléaire pour s'assurer que l'incident suédois ne risquait pas de se reproduire chez elles.
 
L'Autriche particulièrement inquiète
 
Après cette série noire, le débat sur la sûreté du nucléaire est relancé en Europe, et tout particulièrement en Autriche. Dans ce pays farouchement antinucléaire, depuis qu'un référendum populaire a classé cette forme d'énergie anticonstitutionnelle en 1978, la proximité des ex-centrales soviétiques ne cesse d'alimenter la controverse. Temelin se trouve à 65 km de la frontière autrichienne, où les manifestations contre la centrale tchèque ne faiblissent pas depuis six ans. Dans le décor enchanteur et champêtre de Haute-Autriche, les rues fleuries des villages frontaliers sont pavoisées d'affiches jaunes fluorescentes criardes, sur lesquelles on peut lire «Stopp Temelin !».
 
Temelin aurait connu 92 incidents depuis sa réouverture officielle en novembre 2000. La fuite du 2 août avait elle-même été précédée de deux autres incidents deux jours auparavant. Le 31 juillet, une fuite d'huile avait entraîné l'arrêt de la turbine principale, avant que celle-ci ne soit à nouveau stoppée automatiquement vingt minutes plus tard, une surchauffe de 2° C s'étant produite.
 
«Ces derniers jours nous ont très clairement montré que l'énergie nucléaire ne pourrait jamais être rendue sûre et qu'elle représentait une source de danger permanent pour l'ensemble de la population européenne», dénonce à Vienne Jan Krainer, le porte-parole du parti social-démocrate (SPÖ), joignant sa voix à l'ensemble de la classe politique autrichienne, confortée dans son rejet de l'atome.


09/08/2006
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