Revue de presse - Savoie

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International - OMC - 10 mars 2006

Source: les echos - 10 mars 2006
http://www.lesechos.fr/journal20060310/lec1_international/4394049.htm
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Commentaires:
Avec un representant social- democrate comme Mandelson pour l'europe, on se demande ce que ça serait avec un liberal.
Rappel: c'est lui qui negocie en notre nom à l'OMC pour par exemple l'AGCS, c'est à dire la liberalisation des service dont la santé, l'education
Pour Mandelson: la bonne regle est la regle de l'OMC, la concurrence n'est pas deloyale si elle suit les regles de l'OMC. à 0.5$ de l'heure, la concurrence est dure, mais loyale. On voit bien qu'il y a des conceptions differentes dece que peut et doit etre la mondialisation, et que Mandelson n'est pas confronté à ce choc personnellement.

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Peter Mandelson : « Les solutions simplistes du protectionnisme ne mèneront nulle part »
LE COMMISSAIRE EUROPÉEN AU COMMERCE

Peter Mandelson, le commissaire européen au Commerce, est un proche du Premier ministre britannique, Tony Blair, avec qui il a conçu, dans les années 1990, le concept de « New Labour ». Avant d'être nommé à Bruxelles, il avait notamment été ministre du Commerce et secrétaire d'Etat pour l'Irlande du Nord.

Qu'attendez-vous de la rencontre qui s'ouvre, aujourd'hui à Londres, entre six grands partenaires de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ?
Pour faire avancer le cycle de Doha, nous devons bâtir un consensus. C'est un processus laborieux, mais je crois que la fin de la partie approche. L'Union européenne est prête à donner beaucoup et même plus que les autres. Mais il m'est impossible de donner sans rien avoir en retour. Ce ne serait pas une négociation, mais une capitulation. Cela serait mauvais aussi bien pour l'Europe que pour l'idée même selon laquelle le système commercial multilatéral profite à tous. A Hong Kong, nos partenaires ont enfin compris que nous ne serons pas le seul banquier de ce cycle. Nous ne serons pas non plus le bouc émissaire d'un manque d'ambition de nos partenaires vis-à-vis de ces négociations multilatérales.

Que voulez-vous dire exactement ?
Nous sommes parvenus à élargir les négociations au-delà du seul dossier agricole. Mais personne ne pourra achever ce cycle avec succès si nous nous contentons du plus petit dénominateur commun. Ces négociations doivent reposer sur une série de concessions, de compromis entre ceux qui y ont un intérêt économique, les pays riches comme les pays en développement les plus avancés, qu'il s'agisse d'agriculture, de marchés industriels ou de libéralisation des services. Maintenir un niveau élevé d'ambition fait toute la différence entre un agenda du développement qui sera couronné de succès et un cycle que l'on parviendrait simplement à boucler. Les ingrédients pour un succès sont là. Il reste à se mettre aux fourneaux.


L'Union européenne est-elle prête à assouplir ses propositions agricoles ?
Seulement s'il y a suffisamment d'éléments sur la table des négociations pour que cela en vaille la peine pour les Etats membres. L'Union européenne a tout intérêt à présenter une bonne offre sur l'agriculture pour obtenir de ses partenaires qu'ils ouvrent leurs marchés industriels ou ceux des services. Prenez l'Allemagne, dont les exportations progressent environ quatre fois plus vite que son PIB. Ce pays a besoin d'un résultat positif dans ces négociations. La France a un fort intérêt défensif en matière agricole. Je le comprends et le respecte. Mais c'est le quatrième exportateur mondial de services. Si nous devions revisiter nos propositions agricoles, cela s'inscrirait toutefois dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune et sur la base du mandat que les Etats membres m'ont donné. Mes options sont limitées mais pas inexistantes.


En exerçant un telle pression pour une ouverture des marchés industriels et des services, l'Europe ne joue-t-elle pas contre les pays en développement ?
Je rejette cette idée trompeuse, véhiculée par les organisations non gouvernementales, que l'Union européenne cherche à exploiter ses avantages comparatifs au détriment des pays en développement. Faute d'ambition en matière de libéralisation des services, les pays en développement seront privés des transferts de technologie, des investissements et de l'expertise nécessaires à la croissance de leurs économies. Par ailleurs, la majorité des produits échangés entre pays en développement sont industriels et non agricoles. Et les trois quarts des droits de douane industriels payés par des pays en développement le sont à d'autres pays en développement. C'est une perte de richesse énorme. Regardez la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie ou la Chine. Tous ces pays sortent progressivement de la pauvreté grâce à l'exportation de produits industriels. Sont-ils prêts à sacrifier un meilleur accès aux marchés des pays riches, notamment ceux de l'Europe ? Je crois plutôt que ces pays devraient conseiller au Brésil de ne pas faire de surenchère sur l'agriculture, au risque de mettre en péril l'ensemble du cycle.


L'opinion publique européenne est de moins en moins convaincue des bienfaits de la mondialisation. Craignez-vous une résurgence du protectionnisme ?
Les économies avancées, comme l'Union européenne ou les Etats-Unis, luttent pour s'adapter à de profonds bouleversements. Les pays émergents sont en train de rebattre les cartes, exerçant une pression concurrentielle énorme sur beaucoup de producteurs. Cela provoque des peurs et, lorsque quelqu'un a peur, il est paralysé. Quand j'observe ce qui se passe dans certains Etats membres, je sens un vent d'opposition à l'ouverture et une certaine dérive populiste. Les solutions simplistes du protectionnisme et du nationalisme économique ne mèneront nulle part. Au mieux, elles ralentiront le rythme du déclin des emplois existants. Elles ne permettront pas de relever le défi de la compétitivité, de l'innovation et de la création de nouveaux emplois. Je crois dans les bienfaits d'un commerce international qui se renforce et dans lequel de plus en plus de pays pourront exploiter leurs avantages, créant, à leur tour, de nouvelles opportunités pour les entreprises. L'ouverture de nos économies est la seule garante de notre prospérité et de la préservation de notre modèle social en Europe. Il faut accompagner ces mutations. C'est pourquoi j'ai tant défendu le principe d'un Fonds européen d'ajustement à la mondialisation.


La défense de secteurs stratégiques ou de « champions » nationaux fait-elle partie de ces tentations protectionnistes ?
Au fur et à mesure de l'intégration des marchés européens, nous devrions encourager la consolidation industrielle, mais à l'échelle européenne. Nous aurions tort d'enfermer cette consolidation dans les limites des frontières nationales. Contrarier des opérations transfrontalières de consolidation pour des motivations purement nationales ou même idéologiques n'a pas de sens dans une économie moderne. Cela va à l'encontre de la compétitivité de l'Union européenne. Il faut lutter contre pour enrayer le déclin relatif de l'Europe dans le monde.


La montée en puissance de la Chine provoque d'importantes tensions commerciales. L'Union est-elle prête à multiplier les conflits à Pékin en portant plainte à l'OMC ?
Personne ne dit que la concurrence chinoise ou celle d'autres pays asiatiques est déloyale simplement parce que leurs coûts de production sont inférieurs aux nôtres. C'est une dure concurrence, mais du point de vue des règles de l'OMC, cette concurrence est loyale. En revanche, il est avéré qu'il existe parfois des distorsions de marché. Dans le cas des chaussures vietnamiennes et chinoises, les enquêtes de la Commission ont prouvé qu'il y avait des subventions et des interventions étatiques faussant les règles du jeu. Ce qu'il faut bien traiter par le biais de mesures de défense commerciale. Car si nous ne faisons pas respecter ces règles, alors oui, il y aura une réaction très brutale contre le libre-échange en Europe. Là où cela se complique, c'est qu'il existe des intérêts divergents : beaucoup de producteurs européens ont transféré une partie de leur production dans ces économies émergentes asiatiques et réimportent sur le marché européen. D'importantes pressions s'exercent. C'est mon métier de favoriser un consensus entre Etats membres.


10/03/2006
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