L'OMC fait fausse route sur la politique agricole, par Luc Guyau
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Maintenant que le marché lui est défavorable, Luc Guyau, ex patron de la FNSEA grand ordonateur de la concentration et de l'industrialisation de l'agriculture en Europe s'emeut soudain des dérives de l'OMC.Après avoir bien assuré l'alimentation de l'europe parès la guerre, La FNSEA est devenue un acteur de l'industrialisation et de la libéralisation de l'agriculture, avec comme corrolaire les OGM, les pesticides et les engrais, l'intensification des elevages, les pollutions, ...
il n'en reste pas moins que l'OMC deraille - y compris en agriculture - parce que le seul raisonnement connu est celui du libre échange sans limite.
L'OMC fait fausse route sur la politique agricole, par Luc Guyau
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-866803,0.htmlLes négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), visant à approfondir le mouvement de libéralisation des échanges, ont repris activement en janvier. Elles s'acheminent vers un accord qui cache de vrais enjeux. Je tiens dans ce contexte à interpeller mes concitoyens européens sur deux points : pensent-ils que cet accord réponde réellement aux besoins des pays pauvres ? Quel modèle alimentaire veulent-ils pour l'Europe ?
A l'OMC, cette idée est défendue par des pays comme l'Inde, mais elle est rejetée par les principaux bénéficiaires de la libéralisation agricole qui ont été jusque-là les grands pays exportateurs, tels que la Nouvelle-Zélande, le Brésil et les Etats-Unis.
La grande "duperie" de ces négociations est d'avoir fait croire, en les nommant "cycle du développement", que la protection de l'agriculture était la principale cause de la pauvreté. Personne ne peut nier les vertus du commerce international, au premier rang desquelles la paix et le progrès économique. Mais les simulations les plus récentes publiées par les institutions faisant autorité en la matière (CEPII, Banque mondiale, Carnegie) montrent bien que ce cycle de Doha ne bénéficiera en aucun cas aux pays les plus pauvres.
L'Europe a sa propre vision des choses. Elle s'est construite autour d'une politique agricole, qui a été progressivement réformée. Celle-ci permet encore le maintien sur nos territoires d'une agriculture diversifiée et garante des paysages, et ce dans vingt-sept pays désormais ! De plus, malgré les accusations, l'UE est le premier importateur de produits agricoles au monde et, grâce à de nombreuses concessions, 70 % de ces importations proviennent de pays en développement.
Enfin, les citoyens européens ont fait le choix d'avoir une alimentation sûre et durable. Les agriculteurs européens répondent ainsi à des exigences telles que la traçabilité des animaux, des normes d'hygiène strictes, et des pratiques respectueuses de l'environnement. Ces standards de qualité sont parmi les plus élevés du monde.
Or l'accord à l'OMC, tel qu'il se dessine, pourrait mettre en cause cette vision européenne. En effet, la baisse de la protection douanière de plus de 60 % pour de nombreux produits alimentaires pourrait avoir des conséquences imprévisibles, non seulement pour les agriculteurs mais aussi pour l'emploi dans les filières et la sécurité sanitaire des consommateurs. Nous savons combien il est difficile aujourd'hui d'obtenir des garanties strictes des aliments produits à des milliers de kilomètres...
C'est bien l'organisation de la mondialisation qui est en cause, car ce n'est pas la libéralisation prônée par l'OMC qui peut demain assurer l'équilibre alimentaire mondial. Il faut prendre conscience que cet équilibre-là est tout aussi essentiel pour les générations futures que l'avenir environnemental de la planète.
Luc Guyau est président de l'Assemblée permanente des chambres d'agricultureA découvrir aussi
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