Le retour de la "perfide Albion" ?, par Marc Roche
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Le titre de l'article est surprenant, come si les pots de vins et les dessous de table était une exclusivité anglaise. C'est tout simplement la règle de l'economie de marché ultra-libérale dans de nombreux secteurs de grands contrats.Dans l'economie de marché actuelle, celui qui a tort, c'est celui qui se fait prendre. Les paradis fiscaux, le secret bancaire sont les instruments de tricherie - et ceux qui ne s'en servent pas perdent. A l'extrême certains pays occidentaux peuvent même déclencher des guerres, renverser des gouvernements et soutenir des dictatures pour faire de l'argent ou mettre la main sur les ressources naturelles.
Le gouvernement anglais a tout simplement le culot de dire qu'il couvre les tricheries, un peu comme si on legalisait le dopage dans le sport.
C'est la réalité, mais le monde préferre parler de perfide albion au lieu de parler de perfide ultra-libéralisme
Le retour de la "perfide Albion" ?, par Marc Roche
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-858195,0.htmla suspension de l'enquête visant le groupe de défense britannique BAE Systems sur les soupçons de pot-de-vin versés à l'Arabie saoudite illustre, une nouvelle fois, le double langage du Royaume-Uni en matière de lutte contre l'argent sale. Selon l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), la décision du gouvernement Blair pourrait contrevenir à la Convention de lutte contre la corruption dont le royaume est signataire.
En faisant passer le commerce avant le droit dans l'affaire BAE, sous le prétexte de l'intérêt national et de la protection de l'emploi, Londres se comporte en mauvais élève dans le combat contre ce fléau.
Le ministre de la justice, Lord Goldsmith, met en avant le durcissement de la législation et l'accroissement des contrôles. A l'écouter, ses nombreux projets - création d'une autorité de stratégie contre la fraude, formation d'un corps de police ad hoc autonome et instauration d'un procès sans jurés - témoignent de " (son) engagement contre la corruption".
Pour les critiques de Tony Blair, l'affaire BAE souligne, au contraire, le manque de réelle ambition politique d'endiguer les flux financiers opaques, à commencer par les commissions aux intermédiaires dans les contrats d'armement.
Dans la City, malgré la mise en place de strictes procédures de surveillance, les opérations illicites peuvent facilement se perdre dans les volumes considérables de transactions. Depuis son arrivée au pouvoir, en 1997, l'équipe travailliste n'a rien fait pour nettoyer ces no man's land que sont les places financières offshore de la Couronne. Or les paradis fiscaux ( îles Anglo-Normandes, Gibraltar ou les îles Vierges) facilitent le "lessivage" de l'argent qui cherche à échapper au fisc. En près de dix ans, le ministre des finances, Gordon Brown, n'a guère encouragé la coopération judiciaire internationale dans ce domaine. Pour protéger les grosses fortunes étrangères installées à Londres, le successeur probable de Tony Blair s'est toujours opposé à l'harmonisation fiscale européenne.
La City a toujours su s'accommoder des richesses d'autrui sans trop se préoccuper de leur origine. La découverte récente de comptes appartenant à l'ancien président kényan Arap Moi et à l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet illustre la perméabilité de la première place financière européenne aux fonds suspects. Enfin, l'approche purement juridique de l'autorité de tutelle, la Financial Services Authority (FSA), entrave l'examen des milliers de déclarations "d'activités suspectes" provenant des établissements bancaires.
"Perfide Albion", avait dit Bossuet. C'était au XVIIe siècle, quand la City a commencé à faire fructifier les richesses des corsaires royaux. On connaît la suite...
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