Revue de presse - Savoie

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La Fondation de Michèle Alliot-Marie, une affaire de famille

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On croit rêver
avec une telle déontologie, on peut comprendre pourquoi MAM estimait ne pas avoir commis de faute en proposant l'expertise de la police française à Benali, ou en allant en jet privé faire des affaires avec ses parents en tunisie pendant la répréssion

Le risque, c'est le retour dans les faits du slogan "sortez les sortants" de Poujade en 1955. Le dégout et le rejet légitime, l'absence d'alternative crédible sont des dangers pour la démocratie - alimentés par cette caste politique hors sol qui ne se rend plus compte de rien

La Fondation de Michèle Alliot-Marie, une affaire de famille

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Politique/Actu/La-Fondation-de-Michele-Alliot-Marie-une-affaire-de-famille-255061/

C’est une des faces les plus méconnues de Michèle Alliot-Marie. Pendant plusieurs années, de 1995 à 2000, MAM a été présidente d’une Fondation reconnue d’utilité publique, la Fondation du bénévolat, avant de passer la main à son père, Bernard Marie, et son beau-frère, Jean-Pierre Olive. Une vraie PME familiale, dont l’histoire ne manque pas de sel.

Un «cadeau» de 2,5 millions de francs.

La Fondation du bénévolat est créée en 1994, grâce à l’argent du ministère de la Jeunesse et des Sports. A l’époque, la ministre s’appelle Michèle Alliot-Marie. MAM apporte à la fondation 2,5 millions de francs, sur le budget du ministère, et réussit aussi à convaincre EDF et Renault de mettre au pot. Budget total: 5,5 millions de francs. La fondation sera reconnue d’utilité publique par un décret du 5 mai 1995, la veille du second tour de l’élection présidentielle. Statut très envié, une Fondation d’intérêt public permet notamment, grâce à des exonérations fiscales, de recueillir des legs et des dons beaucoup plus facilement. Ecartée du gouvernement d’Alain Juppé en 1995, MAM prend alors la présidence de la Fondation, installée avenue Bugeaud, dans le 16ème arrondissement de Paris. Au cabinet de Guy Drut, le successeur de MAM, on s’interroge néanmoins sur cette dotation de 2,5 millions de francs, au point d’envisager d’exiger son remboursement. «Juppé voulait de la rigueur budgétaire. J’avais demandé des explications sur cette fondation. Tout a été épluché, mais nous avons convenu que les choses étaient en règle», se souvient Guy Drut.

La Direction du renseignement militaire entre en scène.

Elue à la tête du RPR fin 1999, MAM quitte la tête de la Fondation. Son père et son beau-frère prennent le relais. Pendant toutes ces années, la Fondation ne fera guère parler d’elle, jusqu’à une rocambolesque histoire de piratage informatique, en 2006. A l’époque, MAM est ministre de la Défense et envisage de se présenter contre Nicolas Sarkozy pour obtenir l’investiture de l’UMP à l’élection présidentielle. Le monde associatif et ses 10 millions de bénévoles ne doivent pas être négligés. Lobbyiste infatiguable, Bernard Marie convainc le ministère des sports, dirigé par Jean-François Lamour, de financer un système visant à offrir, via la Fondation, une assurance responsabilité civile aux dirigeants d’association. La Fondation travaille alors avec une société, EAR (Refasso), dirigée par Christian Beder, qui dispose de la plus grande base de données du monde associatif. Mais après plus de deux ans de collaboration, Bernard Marie juge les prétentions financières de EAR trop élevées. Christian Beder tente de trouver une solution avec Florimont Olive, le petit-fils de Bernard Marie et neveu de MAM. «Puis, du jour au lendemain, je n’ai plus eu de nouvelles», explique Christian Beder. Coïncidence? Au même moment, sa base de données est «aspirée», victime d’une attaque informatique de la DRM, la direction du renseignement militaire, qui dépend du ministère de la Défense, dirigé par Michèle Alliot-Marie, et dont la nièce, Ludivine Olive, la sœur de Florimont, est chef de cabinet. «La DRM a reconnu avoir aspiré ma base de données, mais nous a expliqué qu’il s’agissait d’un test et que ma société avait été choisie au hasard», raconte Christian Beder. Ce dernier a depuis attaqué en justice, et la DRM devant le Tribunal administratif de Paris, et la Fondation du bénévolat, au civil, pour «rupture abusive de pourparlers». Débouté en première instance dans les deux procédures l’an passé, il a fait appel devant la Cour administrative d’appel et la Cour d’appel d’Aix-en-provence. Quant à sa société, elle a été placée en redressement judiciaire.


Renée Marie, 92 ans, et Bernard Marie, 94 ans, les parents de Michèle Alliot-Marie (Photo Olivier Bonnefon/Maxppp)

560000 euros de subventions en 2007

En 2007, la Fondation du bénévolat obtiendra 560000 euros de subventions du ministère des sports, selon les comptes que nous avons consultés. Et ne déboursera, pour assurer les dirigeants bénévoles, que 63000 euros, via un contrat collectif souscrit à la Macif. «Nous n’avons jamais gagné un centime sur ces assurances! Evidemment que tout a été entièrement redistribué aux bénévoles», répond Bernard Marie. En 2008, la convention avec le ministère ne sera pas renouvelée, malgré les efforts de Bernard Marie…et de MAM. «Elle m’avait demandé de recevoir son père. Je l’ai fait. Il prétendait qu’il pouvait soutenir les bénévoles grâce à des assurances. Cela ne me semblait pas très opérationnel», se souvient Martin Hirsch, haut-commissaire en charge de la vie associative en 2009, qui ne donnera pas suite.

Des prestataires écroués pour escroquerie

Mais les aventures de la Fondation du bénévolat ne s’arrêtent pas là. Pour remplacer EAR, qui s’occupait de son site Internet, Bernard Marie choisit une société du nom d’Amplitude. Or, le dirigeant de cette société, Constantin Guay, et son père, Maxime Guay, sont au cœur d’une vaste affaire d’escroquerie, qui leur a valu d’être écroués l’an passé et de faire l’objet de 400 plaintes, dont la moitié déposée par une association appelée «Peintres en colère». Les deux hommes faisaient miroiter à des artistes-peintres expositions dans des salles prestigieuses, catalogues haut-de-gamme et leur carnet d’adresses soi-disant bien garni. Pour mieux appâter le chaland, l’un de leurs salariés, lui aussi mis en examen, se fera même passer pour…le neveu de Michèle Alliot-Marie. Sous couvert d'anonymat, l’une des peintres de l'association «Peintres en colère» raconte : «il y a quelques mois, Florimont Olive m’a appelé. Il s’était rendu compte qu’on s’était servi de lui. Il m’a demandé si je pouvais trouver des témoignages pour attester qu’il n’y était pour rien. Il avait très peur que son nom soit mêlé à tout ça».

Une nouvelle association…toujours en famille

La Fondation du bénévolat a depuis rompu avec Amplitude. «Nous n’en étions pas satisfaits, il n’y avait pas de suivi. Je les ai perdus de vue», explique Bernard Marie. Installée désormais dans le 18ème arrondissement, la Fondation compte trois salariés. Une association a également été créée, «Les amis de la Fondation du bénévolat». Sur son site internet, on peut lire que «l’association apportera à la Fondation du Bénévolat les moyens financiers, matériels et les compétences techniques l’aidant à réaliser ses actions”. Jean-Pierre Olive en est le trésorier, Bernard Marie le président. La famille, c’est sacré.


09/03/2011
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