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La nuit qui a changé Wall Street

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3 des 5 grands de wall street au tapis.
Wall street controlait 50% de la finance mondiale - l'enjeu de pouvoir est crucial pour la finance mondiale :
non seulement les pratiques sont à revoir comme le montrent les excès recurrents créant des bulles à répétition - mais les lieux de pouvoir vont probablement évoluer.

La nuit qui a changé Wall Street

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En un week-end, deux perles de Wall Street, Lehman Brothers et Merrill Lynch, ont été emportées par la crise des «subprime». Le modèle qui a assuré la fortune des banques d'affaires succombe à ses excès.

Yves Genier - Mardi 16 septembre 2008

Depuis le début des années 1980, Wall Street, c'était avant tout cinq banques. Cinq institutions maîtresses de ce qui se faisait de mieux sur la planète finance, des fusions aux acquisitions, des émissions d'actions ou d'obligations aux mises en bourse, du courtage de toutes les catégories de titres aux innovations financières les plus marquantes. Goldman Sachs, Morgan Stanley, Merrill Lynch, Lehman Brothers et Bear Stearns étaient les «bulge brackets», comme les appelaient respectueusement les banquiers internationaux. Elles constituaient la matrice de la finance mondiale, d'où se propageaient les principales initiatives et où convergeaient les grandes affaires. Sur la planète entière, tout jeune loup rêvait d'y faire carrière.

'); document.write (''); } Ce monde n'est plus. Des cinq princes de Wall Street, il n'en reste plus que deux, Goldman Sachs et Morgan Stanley. Deux autres, Lehman Brothers et Merrill Lynch, ont sombré l'espace d'une nuit, celle de dimanche à lundi. La première s'est déclarée en faillite hier matin à la première heure, la plus grande faillite de l'histoire américaine. La banque s'est placée à l'abri de la loi américaine dont le chapitre 11 prévoit une protection spéciale contre les créanciers, le temps que la maison se réorganise, autrement dit qu'elle vende ses activités aux plus offrants. Ses actionnaires ont tout perdu et ses 25900 employés sont placés dans la plus grande des incertitudes quant à leur avenir. La marque est détruite. Une histoire de 158 ans, commencée avec le financement de la construction des chemins de fer, prend brutalement fin.

Plutôt que de risquer une telle issue, la seconde a préféré sacrifier son indépendance et se vendre à la plus grosse banque de guichets et de réseaux d'agences, Bank of America. Ce géant provincial est basé bien loin de Manhattan, à Charlotte, une ville moyenne du Sud-Est. Les actionnaires de Merrill Lynch en retireront néanmoins 50 milliards de dollars et les 60000 employés ont la garantie de conserver leur job, jusqu'à nouvel avis. Mais leur banque disparaît du paysage après 94 ans d'existence.

Le cinquième joyau de la couronne, Bear Stearns, avait disparu le 17 mars dernier après un autre week-end de folie. Elle s'était fait racheter pour une somme symbolique par JPMorgan Chase, géant de la banque universelle américaine. La Fed, la banque centrale, prodiguait sa bénédiction en injectant 29 milliards de dollars pour couvrir les pertes des positions «subprime» à risque de Bear Stearns.

Très critiquée pour son implication financière, la Fed n'était pas prête à rééditer son engagement. Le Trésor ne l'était pas davantage. Il était assailli de reproches pour avoir cautionné pour 200 milliards de dollars - un record - les deux institutions de refinancement immobilier Freddie Mac et Fannie Mae. Or tant Lehman Brothers aux abois que ses éventuels repreneurs misaient justement sur le scénario du deus ex machina financier.

Tout s'est joué en deux jours, de vendredi soir à dimanche en fin de journée dans les locaux de la Fed de New York. Convoqués, les grands patrons des «bulge brackets» sont présents, tout comme ceux de JP Morgan, Citigroup, Credit Suisse et la britannique Barclays. But: trouver une solution de reprise pour Lehman, qui, écrasée par ses crédits à risque, vit ses derniers jours de banque indépendante.

Ce sera mission impossible. Face à l'intransigeance de Timothy Geithner, président de la Fed de New York, et de Henry Paulson, secrétaire au Trésor et ancien patron de Goldman Sachs, les acquéreurs potentiels, avant tout Bank of America et Barclays, se retirent. Ils n'ont pas obtenu lers garanties qu'ils étaient venus chercher.

Ce week-end de crise n'est cependant pas inutile. Un fonds de cautionnement de 70 milliards de dollars est constitué par 10 grandes banques internationales dont UBS et Credit Suisse. La Fed accepte d'assouplir encore ses conditions de refinancement des banques commerciales. Et Bank of America en profite pour faire une offre de reprise à Merrill Lynch, un peu moins affecté par la crise. Celle-ci sait qu'elle tient là sa dernière chance. Après l'écroulement de Lehman, c'est elle qui deviendra la nouvelle pestiférée des marchés boursiers.

Lundi, Wall Street a découvert son nouveau visage, très différent de l'ancien. «Les plaques tectoniques du système financier se déplacent. Il en ressortira un nouvel ordre», lançait le patron d'une grande société de gestion new-yorkaise à l'agence Bloomberg. Le modèle qui a assuré la fortune des grandes maisons d'affaires indépendantes a succombé sous les excès de la crise des «subprime». Désormais, l'avenir s'articule autour des géants universels et des spécialistes de la finance alternative, dans un monde toujours plus multipolaire.


16/09/2008
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