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Le succès en trompe-l’oeil d’Obama

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Décidement c'est à l'étranger qu'on a des informations un peu moins unanimes sur la politique internationale, le G20, l'OTAN ...
Dans cet article, vu de suisse, les relations US-Europe bien qu'en nette amélioration par rapport à l'époque Bush ne sont pas idéalisées.
Les USA restent et veulent rester les décideurs, poursuivent leurs intérêts propres et il serait naïf de penser le contraire, et continue à intervenir dans les affaires du monde. Obama agite 2 sujets de tension intra-européen
- l'entrée de la turquie dans l'europe
- bouclier anti-missile renouvellé en pologne et république tchèque
et n'a presque pas de support de l'europe pour accroitre la presence de l'OTAN en afghanistan

Si on ajoute un G20 très "bidon" sur les paradis fiscaux qui protège ceux de la chine de USA et du royaume uni, on est très loin du paradis sur terre décrit par la presse française.

Le succès en trompe-l’oeil d’Obama

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f71fc9fa-2222-11de-8a06-be4d954eb55d|0

A Londres, puis à Strasbourg et à Prague, Barack Obama a mené une offensive diplomatique brillante. Ses partenaires, charmés, demeurent toutefois en retrait. Et peut être leur rôle futur est-il moins important qu’ils ne l’imagine

La note qui fâche est venue à Prague de Nicolas Sarkozy. Interrogé dimanche midi par la TV française sur le soutien apporté par Barack Obama à l’entrée de la Turquie dans l’UE lors de son discours prononcé le matin même dans la capitale tchèque, l’hôte de l’Elysée a rappelé sèchement que cette question relevait «de la seule Union européenne» et qu’il y demeurait opposé. Angela Merkel a confirmé que «rien n’était décidé». De quoi raviver les plaies transatlantiques, à quelques heures de l’arrivée à Ankara de Barack Obama. Lequel avait la veille, à Strasbourg, mis tout son poids dans la balance pour obtenir la levée du veto turc à la nomination du futur secrétaire général de l’OTAN: le premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen.

Le désaccord franco-américain sur l’avenir européen de la Turquie n’est ni nouveau ni surprenant. Mais il résume bien le bilan de la tournée de Barack Obama en Europe, où celui-ci a successivement dominé le sommet du G20 à Londres, le sommet de l’OTAN à Strasbourg-Kehl, puis sa rencontre avec les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE à Prague. A chaque fois, le président des Etats-Unis a répété, promesses à la clé, que «l’Amérique a changé», allant jusqu’à regretter son «arrogance» passée. A chaque fois, ce dernier s’est engagé, sur la conduite de la guerre en Afghanistan, le dialogue avec la Russie ou la lutte contre la prolifération nucléaire. Sans obtenir en retour de garanties décisives de ses alliés. «Le pont transatlantique est rétabli, confirmait à Strasbourg un diplomate européen. Reste à l’emprunter ensemble».

Le dossier nucléaire n’est pas le moins compliqué. A Prague, pour son premier grand discours de politique étrangère en dehors des Etats-Unis, prononcé devant plus de 30 000 personnes, Barack Obama a mis la barre très haut en promettant, entre autres, de boucler d’ici à la fin de l’année un nouvel accord sur la réduction des armes stratégiques avec la Russie, et en réaffirmant – message adressé à l’Iran – le droit des pays émergents à acquérir la technologie nucléaire civile. Il a aussi, contre toute attente, réitéré son soutien au projet de bouclier antimissile américain en République tchèque et en Pologne, officiellement destiné à protéger l’Europe d’une menace iranienne, mais interprété par Moscou comme une atteinte à sa sécurité.

Or l’UE, sur ces deux questions, est en porte à faux. D’accord sur des sanctions accrues contre Téhéran si le régime des mollahs persiste à vouloir se doter de l’arme nucléaire, les Vingt-Sept ont des intérêts très divers dans le golfe Persique. L’Allemagne, l’Italie et à un moindre degré la France sont très actifs économiquement en Iran. Tandis que sur le dossier du bouclier antimissile, mené jusque-là par les Etats-Unis hors de l’OTAN, la fracture oppose l’Europe de l’Ouest – désireuse de ne pas froisser la Russie, voire de l’y associer – à l’Europe centrale, inquiète des visées de Moscou.

La réussite du sommet de l’OTAN de Strasbourg-Kehl, qui a fêté son 60e anniversaire par l’intégration de l’Albanie et de la Croatie, est aussi un trompe-l’œil. En contrepartie des 21 000 soldats américains supplémentaires attendus en Afghanistan d’ici aux élections présidentielles et législatives du 20 août, les Européens ont juste accepté l’envoi de 5000 hommes en renfort, dont 3000 pour assurer temporairement la sécurité du scrutin. Un fonds pour la formation de l’armée afghane, à laquelle de nouvelles unités alliées vont être affectées, va certes être créé. Mais des questions telles que la supervision, par l’Alliance, de la police Afghane discréditée par sa corruption et son inefficacité n’ont pas trouvé de réponse. Au point que la force internationale d’assistance (ISAF), commandée par l’OTAN est de plus en plus brocardée aux Etats-Unis, où beaucoup d’experts traduisent son acronyme par «I saw American fight»: «J’ai vu les Américains combattre.»

Karen Gondrief, du German Marshall Fund, confirme: «Il ne faut pas oublier, dit-elle, qu’il existe des différences politiques fondamentales et qu’elles ne sont pas effacées. L’Afghanistan est l’une d’elles. L’opinion publique européenne dans sa majorité ne voit pas le rôle de l’UE en Afghanistan. Le Pakistan, l’Iran et la Russie sont aussi des sujets potentiels de tensions.» Et d’ajouter: «En évoquant la Révolution de velours à Prague, Barack Obama a insisté sur l’importance de croire au changement. Reste à savoir si l’Europe va travailler main dans la main avec lui.» D’autant que le président américain, tout en répétant son «désir d’écouter», a fixé ce week-end le rythme et les priorités.


Aux Européens donc de répondre dans les mois à venir à l’ambitieux programme de celui qui se plaît à répéter: «Les problèmes ne se régleront pas parce que Barack Hussein Obama est aujourd’hui à la Maison-Blanche.» Y compris sur des terrains où l’accord transatlantique, pourtant, ne fait aucun doute. Applaudi à tout rompre vendredi à Strasbourg lorsqu’il a redit sa décision de «fermer Guantanamo», et sa promesse que les Etats-Unis ne «tortureront plus», M. Obama a reçu, là aussi, un soutien concret limité. Hormis les promesses françaises, allemandes, espagnoles et portugaises d’accueillir quelques détenus, l’Europe ne paraît pas pressée d’accourir pour déminer la poudrière juridico-politique la plus symbolique des années Bush.


06/04/2009
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