Revue de presse - Savoie

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Le tabou de la baisse du dollar

COMMENTAIRES
- le modèle economique ultra-liberal a un gros problème - la croissance soit-disant miraculeuse de l'economie americaine repose sur des bases très instables.
- Les anglais sont proches du meme modèle et Thierry Breton qui veut faciliter l'endettement des menages français pour relancer la consommation ferait mieux de regarder à 2 fois avant de le faire.
- le modèle USA n'est pas le bon modèle, le dynamisme repose sur un endettement des menages, un deficit commercial abyssal. Meme les USA doivent payer leur dette - au moins en partie - et ils vont aussi l'exporter en laissant le dollar s'effondrer
(sous Carter, le dollar etait passé sous 4.00 F, cela mettrait le dollar à 1.65 $ / €).

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Le tabou de la baisse du dollar
http://www.lesechos.fr/journal20060515/lec1_idees/4421007.htm

A mesure que le temps passe, sans baisse sensible du dollar ni réduction par le marché du déficit de la balance courante américaine qui pourrait bien atteindre 1.000 milliards de dollars cette année, on constate l'émergence de deux tendances opposées. Certains, craignent l'éruption d'une crise majeure. La plupart des économistes spécialistes de la finance internationale, par exemple, ont le sentiment que l'ampleur de cette crise potentielle ne fait qu'augmenter. D'autres, en particulier les gestionnaires de portefeuilles, sont de plus en plus convaincus que les économistes n'y connaissent pas grand-chose ou que c'est sans importance.

Après tout, affirment ces optimistes impénitents, le PIB réel des Etats-Unis augmente de 400 milliards de dollars par an, soit 270 milliards pour le travail et 130 milliards pour le capital. Même après dépréciation, ce revenu annuel supplémentaire de 130 milliards de dollars est capitalisé à environ 1.500 milliards de dollars. Le déficit - même à 1.000 milliards de dollars - ne semble donc pas démesuré. En liquidant les deux tiers de l'accroissement de la richesse créée aux Etats-Unis pour financer des importations, il nous resterait encore 500 milliards de plus que l'année précédente.

En outre, les intérêts annuels correspondant à ce millier de milliards de dollars que les Américains empruntent chaque année au reste du monde représentent 50 milliards, soit 12,5 % de la croissance économique annuelle, et le déficit commercial est financé par la croissance de la valeur du capital. Alors quel est le problème ? Pourquoi le déficit de la balance courante américaine ne peut-il pas demeurer indéfiniment à sa valeur de 2006 ?

Parce qu'il y a une différence entre le déficit de la balance courante et le déficit commercial. Le déficit de la balance courante est égal au déficit commercial, complété du coût financiers des investissements internationaux, soit les loyers, intérêts et dividendes dus aux étrangers qui ont investi du capital aux Etats-Unis. Avec le temps, les déficits s'accumulent, et le coût du financement des investissements internationaux augmente.

Ainsi, pour stabiliser le déficit de la balance courante, il faudrait réduire le déficit commercial. Or la seule solution pour cela est une chute des importations nettes, qui requiert soit une baisse assez forte du dollar générant une hausse du prix des importations, soit une dépression aux Etats-Unis.

C'est la raison pour laquelle les détenteurs d'actifs libellés en dollars devraient s'attendre à deux scénarios possibles : un dollar faible ou une crise économique aux Etats-Unis. Dans un cas comme dans l'autre, il n'est pas souhaitable aujourd'hui de conserver des quantités considérables d'actifs en dollars. Les spéculateurs étrangers devraient donc s'en débarrasser prochainement et provoquer ainsi l'effondrement du dollar qu'ils craignent tant. Mais les spéculateurs en devises et les investisseurs internationaux ne s'attendent à aucun de ces deux scénarios. Ils conservent des actifs très importants en dollars.

Mais, alors, que pense les acteurs du marché ? Et pourquoi voient-il les choses si différemment des économistes de la finance internationale ? Il semblerait que personne dans les centres financiers de New York, Londres, Tokyo, Francfort ou Hong Kong n'estime devoir se préparer à une chute du dollar. Surtout en temps de crise, le dollar est généralement une valeur recherchée.

George Soros attend peut-être une baisse de la livre sterling. Les entreprises thaïlandaises d'import-export peuvent miser sur une baisse du baht en accélérant leurs recettes et en retardant leurs dépenses en dollars. On peut parier sur la baisse du peso argentin. Mais pas sur une baisse du dollar. Du moins pas pour le moment.

En d'autres termes, le marché parie sur une baisse progressive du dollar au cours des cinq prochaines années et sur une réduction du déficit de la balance courante sans crise financière. C'est ce qui s'est passé à la fin des années 1980 comme à la fin des années 1970. Après tout, on dit bien que Dieu protège les enfants, les simples d'esprit, les chiens et les Etats-Unis. Mais les chances d'un atterrissage en douceur s'amoindrissent de jour en jour.

J. BRADFORD DELONG est professeur à l'université de Berkeley (Californie).



15/05/2006
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