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Les réflexions de Benoît XVI sur l'Islam mal accueillies

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Sujet épineux et qui fache:
On n'avait pas avec Jean-Paul II un pape progressiste au niveau des sujets de société (c'est un
euphemisme);  au moins, au niveau international, il avait des positions qu'on pouvait apprecier sur certains sujets (paix, justice, pauvreté ...) - pas de quoi en faire un Saint, mais c'est un autre sujet.
Avec Benoit XVI, on a vrai un reac de l'Opus Dei - strico sensus - adepte de l'affrontement avec l'Islam, aussi borné sur les sujets de société (contraception, sida ..). C'est plus cohérent avec la politique occidentale de Bush, puisqu'on est en pleine croisade du bien contre le mal, mais pour faire progresser le monde vers le dialogue, on n'est pas rendu.

Les réflexions de Benoît XVI sur l'Islam mal accueillies

NOUVELOBS.COM | 14.09.06 | 14:47

Pour lui, l'Islam est une "doctrine" pour laquelle "la volonté de Dieu n'est liée à aucune de nos catégories, même pas celle de la raison".

P lusieurs voix se sont élevées mercredi 13 septembre après les propos du pape Benoît XVI qui a livré mardi devant des scientifiques et des universitaires à Ratisbonne (sud de l'Allemagne) une réflexion théologique sur l'islam, "une doctrine" pour laquelle "la volonté de Dieu n'est liée à aucune de nos catégories, même pas celle de la raison".
Benoît XVI, qui fut titulaire de la chaire de dogmatique et d'histoire du dogme à l'Université de Ratisbonne à partir de 1969, s'est appuyé sur un dialogue "entre un empereur byzantin" du XIVème siècle et "un persan cultivé" pour développer ses arguments.
"La foi est le fruit de l'âme, pas du corps. Celui qui veut conduire quelqu'un à la foi a besoin de bien parler et de raisonner correctement, au lieu (d'user) de la violence et de la menace", a expliqué le pape.
"Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu", a ajouté le souverain pontife, selon qui cette affirmation est évidente pour "un empereur byzantin nourri par la philosophie grecque".

"Dieu ne serait même pas lié par sa propre parole"

"En revanche, pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument transcendant.
Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison", a affirmé le chef de l'église catholique, qui fut préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi avant son élection en avril 2005.
Benoît XVI a également cité un théologien musulman des Xème et XIème siècles, Ibn Hazn, selon qui "Dieu ne serait même pas lié par sa propre parole et rien ne l'obligerait à nous révéler la vérité".
Pour le pape, au contraire, la "rencontre" de la foi biblique avec les interrogations philosophiques de la pensée grecque, à laquelle s'est ajouté "le patrimoine de Rome, a créé l'Europe et reste le fondement de ce que l'on peut appeler Europe".

"Inexact et opportuniste"

La présidente d'une importante organisation islamique américaine, Dr Ingrid Mattson, récemment élue à la tête de l'Islamic Society of North america (ISNA), a estimé mercredi que les critiques du pape Benoît XVI sur l'Islam était "inexactes et opportunistes".
"Le fait de faire une connexion explicite entre l'Islam et une religion au coeur de laquelle existe la violence est inexact et opportuniste", a déclaré Ingrid Mattson.
"Je suis déçue", a encore lancé Ingrid Mattson, 43 ans, première femme élue à la tête de l'ISNA début septembre. L'organisation regroupe aux Etats-Unis et au Canada quelque 20.000 adhérents individuels et 350 mosquées et centres islamiques.
"Si on commence à comparer l'histoire de la violence commise au nom de l'Eglise catholique et celle commise au nom de l'Islam, cela nous prendrait beaucoup de temps", a ajouté cette professeur d'Etudes islamiques au séminaire de Hartford (Connecticut), faisant allusion à l'Inquisition, la contre-réforme et aux croisades.

"Berceau de la science"

En Italie, un responsable musulman italien "espère que ces propos ne seront pas utilisés par les fondamentalistes islamistes". "Le pape dans son discours a négligé le fait que le berceau de la science a été l'islam et que les philosophes grecs ont d'abord été traduits par des musulmans avant d'entrer dans l'histoire européenne", a relevé Ejaz Ahmad, président de la communauté pakistanaise et membre de la consultation sur l'islam organisée par le gouvernement à l'agence Ansa.
"Le monde musulman traverse actuellement une crise profonde et toute attaque de la part de l'Occident peut aggraver cette crise", a-t-il estimé.
"Nous payons encore le prix des paroles de Salman Rushdie" (l'écrivain britannique auteur des "Versets sataniques") et des caricatures de Mahomet publiées dans un journal danois, et je demande au pape de retirer ses paroles, même si elles se référaient à l'histoire", a déclaré le responsable musulman.

Demande d'explication

"Le pape a évoqué le concept de 'guerre sainte' pour marquer la différence entre le christianisme et l'islam", interprétait la Frankfurter Allgemeine Zeitung mercredi.
Expert de l'islam, Gilles Kepel pense, dans un entretien au quotidien italien La Repubblica, que Benoît XVI "a tenté d'entrer dans la logique du texte coranique". Mais les conséquences sont "risquées, car le discours pourrait radicaliser une partie de la communauté musulmane".
Plus affirmatif, le théologien contestataire Hans Küng, cité par l'agence DPA, estime que "ces déclarations ne seront sûrement pas bien accueillies chez les musulmans et nécessitent d'urgence une explication."

Dernier jour

Au cinquième jour de sa visite dans sa Bavière natale, le pape s'est rendu mercredi sur la tombe de ses parents et de sa soeur près de Ratisbonne, dans le sud de l'Allemagne, s'agenouillant devant leur sépulture pour prier.
Accompagné de son frère, Georg Ratzinger -son unique parent proche encore en vie- et d'un petit groupe de responsables ecclésiastiques, le souverain pontife âgé de 79 ans est arrivé au cimetière de Ziegetsdorf vêtu de la traditionnelle soutane pontificale blanche.
Il s'est agenouillé sur un prie-Dieu devant la sépulture sur laquelle sont gravés une croix et les noms de ses parents, Joseph et Maria Ratzinger, et de sa soeur, Maria Ratzinger. Le pape s'est ainsi recueilli, les mains jointes, alors que son frère se tenait silencieusement à ses côtés. A l'occasion de sa visite, la tombe avait été décorée de roses rouges et de lys blancs.
Son voyage de six jours est le deuxième en Allemagne depuis le début de son pontificat. En 2005, il s'était rendu à Cologne pour les Journées mondiales de la jeunesse. Avant son départ jeudi, il devrait se rendre à Freising, où il a été ordonné prêtre en 1951. (avec AP)


14/09/2006
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