Revue de presse - Savoie

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LES TRAVAILLEURS POLONAIS RETOURNENT AU PAYS - 23 dec 05

L’Europe du travail à nouveau à l’épreuve… Les « plâtriers Polonais » de Thonon.Menacés de ne pas être payés, une trentaine d’ouvriers polonais, embauchés en France par une entreprise allemande, ont occupé plusieurs jours le chantier du Palais de Justice de la cité haut-savoyarde.

Article du Dauphiné Libéré du vendredi 23 décembre 2005

LES TRAVAILLEURS POLONAIS RETOURNENT AU PAYS

THONON-LES-BAINS – Après une semaine de grève, les Polonais travaillant sur le chantier du Palais de Justice ont obtenu satisfaction. Leur salaire a été versé hier à midi. L’Inspection du Travail a ouvert une enquête. Ambiance.

Derrière les grilles du chantier du futur site devant accueillir le Palais de Justice à l’hôtel Dieu de Thonon-les-Bains, une trentaine de silhouettes se détache dans le froid matinal. Ce sont des Polonais qui, depuis début novembre, ont été recrutés pour travailler dans le bâtiment. Alors qu’ils attendaient le versement de leur salaire, l’ambiance était des plus tendue hier matin. D’abord impossible de rentrer sur le chantier. Cadenas et chaînes interdisant l’accès aux lieux. Finalement, à l’Est, rien de nouveau !

La bise souffle. Et les banderoles accrochées à la façade flottent au vent. On y mentionne « Solidarnosc » comme au bon vieux temps. Lech Walesa n’y apparaît pas mais un grand gars moustachu, semblant être le porte-parole des ouvriers, se tient devant l’entrée. Avec lui, une bénévole d’une association caritative est en pleine discussion. En Allemand. Traduction : « On ne veut plus parler avec la presse. On est sur le point d’obtenir satisfaction ».

Tout autour, les autres ouvriers font les cent pas. Leur espoir se devine dans leurs yeux : empocher la paie, reprendre le bus pour le retour au pays et passer Noël en famille. Seulement voilà la fatigue est à son comble. Autant en emporte les promesses d’un travail bien payé « dans un eldorado de pacotille ». Retour à la case départ.

Sur le trottoir des gens passent. De la main ou d’un mot réconfortant, ils encouragent ces hommes transis. « On a beau être Polonais, le froid n’a pas de frontière ». Entre les grilles, la bénévole d’origine allemande de l’association Saint Vincent de Paul glisse une adresse. Un petit mot réconfortant, tout simplement un « truc » pratique. Sur la façade du futur tribunal, ils ont inscrit en français le mot « Justice »et « Union Européenne ». Quelques mots qui sonnent fort dans la grisaille hivernale. « On vous soutient du fond du cœur » crie une passante, pressée de rentrer chez elle. Eux, les ouvriers polonais le sont tout autant. Finalement, le père Noël s’est fait un malin plaisir de remédier à leur situation. Hier vers midi, la bonne nouvelle tombait. Enfin rétribués pour le travail accompli. Enfin repartir au pays avec quelques euros en poche. Là-bas, c’est le nirvana !

JJ B

CONSTERNATION DE LA CGPME

La CGPME dit hier, par voie de communiqué, « apprendre avec consternation la situation de plusieurs dizaines d’ouvriers polonais sur le chantier du Palais de Justice de Thonon-les-Bains. Ces travaux ont été confiés en entreprise générale à la Société Dumez. Celle-ci sous-traite à une entreprise qui elle-même sous-traite à une entreprise allemande, employant des salariés polonais. Ceux-ci non seulement sont embauchés avec des salaires de misère, mais mieux ne sont pas payés ! Est-ce bien sérieux ?

« Les entreprises locales n’ont même pas été consultées sur cette opération !!! » indique Lionel TARDY, président de la CGPME Haute-Savoie. « N’était-il pas préférable d’utiliser une main d’œuvre locale ? N’y aurait-il pas dans ces quelques milliers chômeurs du Chablais de quoi alimenter ce chantier ? La CGPME ne peut accepter une telle situation qui fait que les quelques 20 millions d’euros dépensés pour ce chantier échappent à l’économie locale, que les PME du Chablais soient ainsi bafouées et qu’une multinationale fasse des choux gras sur le dos de travailleurs étrangers exploités.

En conclusion, la CGPME demande aux pouvoirs publics de rétablir une situation de marchés légaux sur cette opération et intervient dans ce sens auprès du Préfet de Haute-Savoie.



27/01/2006
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