Pourquoi Total rime avec plan social malgré ses profits
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Total supprime des capacités de production en France et crée des nouvelles capacités au moyen orient et en Afrique du Nord. C'est de la desindustrialisation pure et simple de la France. La France au lieu de produire les produits raffinés dont elle a besoin (diesel par exemple) les importera et Total contribue ainsi à augmenter le déficit commercial.La logique Total est celle du capitalisme financier US-Europe qui nous a mené dans le mur : égoïsme cynique et profits maximum avec comme moyens délocalisation vers le moindre coût et dividendes très importants aux actionnaires. Total est dans sa logique, rien n'est en place et rien n'est prévu pour l'arrêter.
Pourquoi Total rime avec plan social malgré ses profits
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/pourquoi-total-rime-avec-plan-social-malgre-ses-profits_175947.htmlLe groupe pétrolier a affiché un bénéfice record en 2008, à 14 milliards d'euros. Mais il va supprimer plus de 600 emplois, dans le raffinage et la pétrochimie. Un plan jugé "scandaleux" par le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez.
Total a annoncé mardi une restructuration en France de ses activités de raffinage et pétrochimie, qui va entraîner au moins 555 suppressions de postes d'ici 2013, représentant 615 emplois selon les syndicats.
Des restructurations dénoncées de toutes parts, y compris par le secrétaire d'Etat à l'Emploi. Laurent Wauquiez a trouvé "scandaleux" ces suppressions de postes alors que Total dégage de forts bénéfices, jugeant que le groupe devrait avoir "un comportement exemplaire" en période de crise.
Les députés PS ont quant à eux condamné le "cynisme" de Total, estimant qu'"aucune justification" n'était "recevable".
Les deux projets de restructuration ont été présentés dans le cadre de deux comités centraux d'entreprises extraordinaire, convoqués mardi au siège du groupe pétrolier à La Défense.
Le premier comité, dans la matinée, a été consacré au "plan de consolidation" de la pétrochimie avec un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), c'est-à-dire un plan social, prévoyant la suppression de 306 postes d'ici 2012, sans aucun licenciement sec, selon syndicats et direction.
Le deuxième dans l'après-midi était dédié au "projet d'adaptation du raffinage en France" induisant la suppression de 249 postes d'ici 2013, sans licenciement sec non plus, selon les syndicats. D'après la CGT, ces 249 postes correspondent à 309 emplois, car certains postes sont occupés par plusieurs salariés.
Particulièrement touchés, les salariés du site Total de Gonfreville l'Orcher, près du Havre, après l'annonce de la perte de 199 postes à la raffinerie et de 130 en pétrochimie se sont rassemblés devant leur usine et ont voté un arrêt de travail "symbolique" d'une heure.
Les autres suppressions concernent l'usine de Carling (Moselle), avec 64 postes touchés, le pôle de recherche et développement de Mont/Lacq (Pyrénées-Atlantiques), avec 25 postes, le siège social à La Défense avec 33 postes. En outre, l'usine de Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime) doit fermer, entraînant la disparition de 54 postes.
Ce plan de sauvegarde de l'emploi vient s'ajouter à d'autres plans sociaux qui sont encore en cours. Hutchinson, la filiale spécialisée dans l'étanchéité et l'isolation, a programmé la suppression de 216 emplois sur trois sites français. « Sans compter que sur un des sites les ouvriers sont déjà en chômage technique 10 jours par mois jusqu'au mois de juin , ajoute Charles Foulard de la CGT, c'est pratiquement du mi-temps ».
Enfin, un plan de suppression de 302 postes entamé en 2006 dans Total Petrochemicals France est encore en cours.
Pourquoi Total met-il en place des plans sociaux dans le raffinage et la pétrochimie ?
Le raffinage en France est structurellement inadapté à la demande nationale. En effet, les raffineries produisent majoritairement de l'essence, alors que la France consomme surtout du gazole, qu'elle doit importer de Russie. Elle exporte donc son excédent d'essence aux Etats-Unis. Or ceux-ci ont fortement réduit leurs importations en 2008, crise oblige.
Quant à la pétrochimie, plus en aval de la chaîne pétrolière, elle a souffert au premier semestre de la hausse rapide du prix du brut. Les marges se sont rétablies au second semestre, mais la demande s'est affaiblie fortement en raison du fort ralentissement de l'économie mondiale. De fait, pour la première fois en 30 ans, la demande d'éthylène a baissé.
Comment Total justifie-t-il ces mesures après des profits de 13,9 milliards d'euros en 2008 ?
Il est vrai que le pétrolier a dégagé en 2008 le plus gros profit jamais réalisé par un groupe français, et ce malgré un recul de son activité au 4e trimestre. De plus, les marges de raffinage ont augmenté en Europe de 16% entre 2007 et 2008 en raison d'une forte demande de diesel.
Mais ces 13,9 milliards de profits proviennent surtout de la vente de pétrole brut et datent des mois où le baril dépassait les 100 dollars. Si l'on regarde les résultats des activités de raffinage, on constate que les ventes de produits raffinés ont baissé de 3% entre 2007 et 2008.
De plus, l'activité du groupe a considérablement marqué le pas en fin d'année, en raison de la baisse des cours de brut, retombé à 55 dollars. Il est donc probable que 2009 ne soit pas aussi faste que 2008.
Total fait remarquer par ailleurs qu'il a investi près de 14 milliards d'euros en 2008 pour maintenir ses réserves et entend investir la même somme en 2009. Somme qui correspond justement au bénéfice de 2008. Le patron de Total, Christophe de Margerie fait valoir que ces investissements sont destinés à éviter un nouveau choc pétrolier lorsque la croissance économique reviendra. Le risque étant de voir les compagnies pétrolières arrêter leurs projets pétroliers en raison du ralentissement de la demande, ce qui préparerait les conditions d'une pénurie future. Et donc d'une hausse des prix.
Ces plans sociaux sont-ils une conséquence de la crise actuelle?
Le ralentissement économique, qui s'est traduit par une baisse de la consommation mondiale et de la chute des cours a fini par toucher le groupe, dont le bénéfice a chuté de 29% entre les deux derniers trimestres de l'année.
Toutefois, selon, Charles Foulard, de la CGT, les plans sociaux de Total ont commencé bien avant la crise. « Total profite de la crise pour justifier une stratégie de restructuration qui date du rachat de Pétrofina en 1999, affirme-t-il. Depuis, le groupe lance un nouveau plan de restructuration tous les ans. » Aujourd'hui, la réorganisation passerait par une réduction des activités en Europe au profit du Moyen Orient. Total confirme dans un communiqué de presse que le projet de raffinerie de Jubail en Arabie Saoudite se poursuivra en 2009. La CGT craint aussi un abandon des productions en France de polyéthylène, au profit du Qatar et de l'Algérie, où ces dérivés sont fabriqués à moindre coût à partir du méthane issu des gisements de pétrole.
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